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Carlo D'AMICIS

Sauf le chien


Ce roman, écrit à la première personne, raconte la vie d’un avocat qui vit à Rome.

Marcello Artoglio, quarante ans, homosexuel, incontinent, mène une vie assez compliquée. Il a pour amant un avocat américain, autoritaire, maniaque du ménage qui le raille plus souvent qu’il ne l’embrasse. Pour satisfaire leur envie d’enfants, ils adoptent ensemble un chien mais il s’avère que Morgan (l’amant) est allergique aux chiens. Marcello doit donc en assumer seul la charge et quelle charge ! Le chien, Dolor, est un husky désobéissant, encombrant… Quand vous sortez ce chien qui est d’une inutilité parfaite (il ne va ni vous défendre, ni monter la garde, ni rapporter les objets, ni vous suivre ; il tire les traineaux à merveille, paraît-il, mais à Rome, c’est une compétence destinée à rester sans emploi) vous n’avez au fond que deux perspectives. La première consiste à utiliser la laisse comme dans une compétition de tir à la corde. Ce chien, bien que personnage secondaire, est présent tout au long du roman et rappelle souvent Marcello à la réalité, réalité dont il s’écarte de plus en plus au fil de l’histoire.

A travers le procès de son médecin, le docteur Saverio Spiritus, qu’il défend, on découvre la vie de notre avocat. Spiritus est accusé du meurtre de sa femme et de sa fille, mortes d’une chute fatale depuis le dôme de Saint-Pierre au Vatican. Spiritus est un homme très ambigu, qui devient une sorte de guide spirituel, pour ne pas dire un gourou, pour Marcello. Tout en le défendant brillamment, Marcello perd le fil de sa vie et ne semble plus capable de prendre la moindre décision.

Le temps du roman n’est pas linéaire, il est fait de flash-back, de projections dans l’avenir. Le seul repère temporaire est l’agonie du pape que l’on retrouve tout au long du livre dans des chapitres particuliers, pas spécialement à la gloire du Vatican et de ses cardinaux, jusqu’à l’heure fatale.

Avec un humour corrosif, Carlo D’Amicis nous parle de la vie actuelle, de ses difficultés à trouver sa voie, à s’imposer dans une société compliquée. Marcello est un peu le candide de cette histoire, un candide sous l’influence d’un homme maléfique, le docteur Spiritus.
Saverio, dans la vie je suis avocat. Il faut que je gagne mes procès. Et si les autres arrivent avant moi, je n’éprouve aucune fierté ! Je souffre. Je me sens mal. Je fais pipi dans mon pantalon […]
Je sais, je sais, répète Saverio. C’est pour cela que je veux vous aider.
(Sauf le chien, tout le monde veut m’aider. A être différent de ce que je suis).

Que ce soit sa mère, son amant, son conseiller financier, son médecin, chacun souhaite façonner Marcello. Y arriveront-ils ou pourra-t-il se libérer de ces différents jougs ?

Ce livre est un régal : on rit, on pleure, on aime le personnage, on le déteste. En tous cas, on ne reste pas indifférent aux démêlés de Marcello avec la vie.

Sylvie Paré 
(15/05/10)    



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Éditions Joëlle Losfeld

Littérature étrangère
256 pages – 22,50 €


Traduit de l'italien
par Dominique Vittoz






Carlo D'Amicis,
né en 1964, vit et travaille à Rome. Il est l'auteur de six romans, inédits en français. Sauf le chien a paru en 2006 en Italie.