Grand Paradis, un lieu privilégié pour une fillette. Elle ne "fonctionne" pas comme tout le monde. Elle est passionnée par les plantes. Elle les recense. Elle les classe, les étudie minutieusement. Elle part seule dans la nature.

A l’âge adulte, elle se cherche encore : « Juste avant de m’allonger sur le canapé bleu, je retourne à la première photo. Derrière, quelqu'un un jour avait écrit : Moi. Il faut parfois un long chemin, une longue rivière, pour comprendre le sens des mots. »

Elle a peur d’être "folle" car différente des autres : « Je sens bien que quelque chose s'achève, un morceau de l'enfance sans doute, car, avec le souvenir vomi, s'emboîtent et s'expliquent tellement d'événements de ma vie. Après ce qui s'est passé à la bibliothèque, quel être puis-je donc devenir ? En suis-je grandie, rapetissée, maintenant que, comme ma sœur, je comprends pourquoi mon père c'est enfui ? Suis-je, enfin, une personne normale ? »

Sa sœur, Marie, vit dans la même ville en bord de mer. Elle est alcoolique. Leur mère est morte. Un jour, Marie vient dans la boutique de fleurs où travaille Dominique pour lui dire qu’elle doit venir chercher les affaires de leur mère qu’elle a gardées jusqu’à présent. Dominique va retrouver une enveloppe collée au fond de la carriole, préparée par sa sœur, avec trois photos dans les affaires appartenant à sa mère. Cela va la mener à enquêter sur l’hystérie en allant dans la bibliothèque Charcot de l’Hôpital de la Pitié-Salpétrière. Nous apprenons beaucoup sur l’hystérie et les malades atteintes par cette pathologie.

Un livre tout en délicatesse avec un grand respect pour les malades étudiés à la fin du siècle dernier par les médecins de la Pitié-Salpétrière.
Un très beau roman sur la quête de son histoire personnelle, de sa compréhension et du hasard qui parfois intervient beaucoup dans la réalité. Ce n’est pas grave. Cela permet de se trouver soi-même. La vie est peut-être cela, à la fois tout et si peu : se trouver soi-même et donner du sens à ce que l’on vit.
Une très belle écriture en écho parfait avec le thème du roman.

Brigitte Aubonnet 
(21/09/10)