Françoise ASCAL

Rouge Rothko



Une belle idée que ces rencontres entre des œuvres picturales et la prose poétique de Françoise Ascal. Nous croisons Rembrandt, Edvard Munch, Frantisek Kupka, Odilon Redon… et bien d’autres peintres admirés dans des expositions où Françoise Ascal a constitué son musée personnel en se procurant à chaque fois, une carte postale d’une œuvre.
« Elles sont chargées de donner la note, la couleur des mots qui vont naître. Elles veillent en amies sur l’écriture. Elles nourrissent un dialogue secret. »

L’œuvre picturale est reproduite en noir et blanc puis Françoise Ascal nous donne à lire ses émotions, ses impressions, ses interprétations face au sujet représenté :
« Quitter la surface.
M'immerger comme toi, dans la profondeur d'une eau verte. Une eau presque turquoise et dorée. Une eau réparatrice avec ses ondes rayonnantes à partir de ton corps. Un vrai soleil liquide. Lumière en excès posée sur tes cheveux, lumière sur tes épaules, ricochant sur tes bras tes mains, sur les rochers voisins. 
»
en écho à Kupka.

« Odilon.
Redon.
0-di-lon-re-don - o-di-lon-re-don.
Les syllabes roulent sourdement, tracent un chemin d'eau, puis tombent dans une grotte humide. Murmures parmi les fleurs et les femmes, les feuillages, les lianes prises dans une lumière liquide.
Or pur répandu en fines particules. 
»

L’Histoire terrible croise aussi les créateurs dans Wols au camp des Milles :
« Ce n’est qu’un moment banal de l’Histoire, entre Aix-en-Provence et Marseille, dans un village français ordinaire.
Des sans-papiers, déjà.
Rejetés par Berlin, réfugiés à Paris avant que la déclaration de guerre ne les transforme en indésirables.
Parmi eux Ernst, Bellmer, Liebknecht, Springer, Wols...
Au cours des années 1939 et 1940, ils sont parqués pour un temps variable dans une tuilerie réquisitionnée par les autorités. 
»

Un très beau moment poétique et pictural qui incite à revoir les tableaux dans leurs musées pour apprécier encore leurs couleurs et les nuances perceptibles seulement dans la rencontre directe entre l’œil et le tableau. Françoise Ascal partage son ressenti et donne vie à ces œuvres qui ont trouvé écho en elle. Un livre à lire et relire pour en découvrir toutes les richesses.

Brigitte Aubonnet 
(20/03/09)    



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