Maïssa BEY

Bleu, blanc, vert



1962-1992… De l’Indépendance de l’Algérie à l’année où tout bascule en Algérie, avec la victoire du FIS aux élections, ce sont aussi trente années de la vie de Lilas et Ali, leurs espoirs, leurs désirs et leurs peurs.

C’est avec ces deux personnages que le lecteur parcourt une tranche de l’Histoire. Voix intimes, voix secrètes, elles nous sont données à entendre dans la succession du « Elle » et du « Lui » qui ouvrent chaque chapitre, comme autant de plongées dans deux journaux intimes.
De l’enfance à l’âge adulte où Lilas, devenue psychologue et Ali, l’avocat, se marient après les premiers émois de la rencontre…
De l’érosion des sentiments aux blessures infligées par la vie, dans une société qui glisse peu à peu vers ce que Maïssa Bey désigne comme « l’ ombre de la grande désillusion »…

Au-delà de ce qui étreint et bouleverse ses deux personnages, dans le prisme de leurs destinées, elle observe, note, analyse le poids de la tradition, les dysfonctionnements de la société, sous l’angle du quotidien.
Elle dénonce aussi l’injustice faite aux femmes, à travers le père d’Ali qui rejette en toute impunité une épouse entièrement dévouée.
Avec ironie et amertume, elle déploie la grande toile de fond des rêves de tout un peuple, jusqu’à ce point où ils sont fracassés, engloutis.
Comme les poupées qu’Alya, la fillette de Lilas et Ali, veut soudain mettre au rebut, parce qu’une maîtresse leur a dit que ces objets n’avaient d’autre raison d’exister que de détourner les enfants de la parole de Dieu.
Comme ces jeunes femmes qui se mettent à fêter le départ de leurs frères vers la mort en Afghanistan.

« L’homme est donc une sorte d’éphémère qui ne revit jamais ce jour unique qui est toute sa vie », écrit Paul Valéry dans ce passage que la romancière a mis en exergue.
Lilas et Ali sont de poignants éphémères, comètes lancées par l’Histoire vers ce qu’ils ne peuvent arrêter, lueurs uniques et fragiles…
« Personne, j’en suis sûre ne peut assassiner l’espoir », dit Lilas à la fin du roman, portée par un élan qui traverse la nuit.

Cécile Oumhani 
(17/03/07)    

Cet article a aussi paru dans le quotidien tunisien La Presse (www.lapresse.tn)


Retour
Sommaire
Lectures






Editions de l'Aube
284 pages - 19,50 €





Maïssa Bey vit à Sidi Bel Abbes (Algérie), où elle se consacre à l'écriture. Elle a publié, à l'Aube :
Cette fille-là
Entendez-vous
dans les montagnes...

Au commencement
était la mer

Sous le jasmin la nuit
Surtout ne te retourne pas
Sahara, mon amour.


Vous pouvez lire
sur notre site
des articles concernant
d'autres livres
du même auteur :

Surtout
ne te retourne pas


Sahara, mon amour

Pierre Sang
Papier ou Cendre