Dominique CAGNARD

Une vache dans ma chambre



Avec sensibilité, Dominique Cagnard nous emmène dans le monde des vaches. On y sent une tendresse réelle pour ces ruminants telle qu’elle nous fait changer le regard sur les vaches. Elles prennent une place, d’un seul coup, inattendue. Elles deviennent des êtres révélés par l’imaginaire s’imposant de leur présence dans l’intime du poète. C’est ce que le titre du recueil nous confirme. Nous découvrons une façon de regarder, bien au-delà de l’apparence (qui nous ramènerait aux scories d’une vision habituelle), donnant un autre statut à la vache. Nous sommes dans une fantasmagorie où les vaches sont dans le ciel et dansent avec les étoiles, se perdent dans le gris… En fait, nous sommes en présence d’un recueil de poésie jeunesse de qualité qui peut naturellement être visité par les adultes.
J’aimerais être un ruminant
pour manger l’herbe de ma chambre
et digérer le silence
de la nuit.

Dominique Cagnard nous montre ici tout le bien qu’il pense d’être une vache et nous dit dans un autre poème :

Si on les laissait faire
elles rouleraient à vélo
et conduiraient les trains.
Elles marcheraient
sur les voies de chemin de fer.
Elles seraient gardes-barrières
et feraient un signe de paix
aux passants.
Elles se baigneraient
en robe de nuit dans le torrent
et elles dormiraient sur le dos
en écoutant l’eau de la rivière.

Les vaches seraient de meilleurs êtres que les humains et pourraient avoir les mêmes activités si on ne les contenait pas dans des champs clos. Il y a une douce critique de l’humain, de sa manière d’être dans sa quête de l’avoir qui lui fait oublier ce qui l’entoure :

Les vaches en hiver se souviennent.
Elles entendent avec leurs narines
et chantent avec leurs cornes.
La vitesse emporte tout
les blés les feuilles et les animaux.
Les vaches ruminent pour ne pas les oublier.

Quand l’humain rumine, c’est pour d’autres raisons ; même si ruminer s’associe à se souvenir.
C’est bien par une poésie pleine de tendresse et d’attention que nous propose Dominique Cagnard. Les illustrations qui accompagnent les poèmes sont d’Aude Léonard dont les photos, sans chercher à illustrer, dialoguent avec la poésie. Les photos sont elles-mêmes pleines de fantaisie et très poétiques. Sans aucun doute, ce recueil se lit et se relit avec toujours autant de plaisir tant pour la poésie de Dominique Cagnard que pour les photos d’Aude Léonard.

Gilbert Desmée 
(14/10/08)    



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Jeunesse








Editions Motus
64 pages - 10 €



Illustrations de
Aude Léonard