Patricia COTTRON-DAUBIGNÉ

Une manière d'aile



Des mots tracent des passages
les chemins pourtant sont improbables
les mots ne racontent pas
ils lèvent des parfums d’ambre
et de sable à la bouche

Voilà une ouverture qui vous dit bien qu’il faut quitter vos scories habituelles qui traînent en tête et laisser naître en vous le regard, ne plus voir l’apparence des êtres, mais l’essence qui les anime. Alors viennent des parcelles d’émotions, de sensations inédites. Lors le voyage peut commencer.

Patricia Cottron-Daubigné nous emmène dans un voyage qui a à voir avec le désir. Un paysage bat dans la peau et dans cette douceur chuchote des effets de tendresse et vous invite à entrer dans l’espace. À vous d’accepter l’invitation et de la suivre en cet imaginaire d’amour doux. Non rien de suranné ici, mais un mélange d’humain désirant et de féerie de la poésie. Mais on vous prévient : aucune étoile n’est le sextant / de l’homme et pourtant il faudra la suivre et elle ne vous facilitera pas la chose : j’ai dans le regard / ce que vous ne verrez pas ; et plus loin : je vais jusqu’où le cri / déchire / le ventre / jusqu’au crâne.

Patricia Cottron-Daubigné nous dit, dans une écriture suggestive et métaphorique, un univers intime qui s’offre à la rencontre de l’autre et cela semble se réaliser devant nous tant la conversation entretenue avec les peintures de Patrick Sanitas fonctionne. Il y a comme une connivence entre les deux qui transparaît et s’affiche au fil des pages. Quelque chose de chaud, de nuancé vient répondre aux poèmes, quelque chose de désirant lui aussi.

Ne me retenez pas
je suis un volcan de lumière
le mouvement porte mon ailleurs
je n’ai pas de lieu

Dans un beau livre à l’architecture bien pensée, à l’accord dans le rapport texte et peinture, ce qui ajoute un charme quelque peu féerique à la lecture de la poésie de Patricia Cottron-Daubigné. On se sent bien, on ferme, on ouvre le livre, on le traverse de différentes manières et cela nous ravit encore. Et la fin du livre laisse un ouvert possible même s’il n’est point sûr. Quelque chose s’est éteint et l’on aimerait que cela soit pour se rallumer autrement.

Gilbert Desmée 
(24/08/08)    



Retour
sommaire
Poésie









Editions Soc & Foc
48 pages - 18 €


Peintures de
Patrick Sanitas