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Francis DANNEMARK


La véritable vie amoureuse de mes amies
en ce moment précis




Le titre, à lui seul, plein de légèreté et d'allant, donne l'envie de se faufiler, l'air de rien, dans les histoires de ces amies. Les amies, ce sont celles de Max, le héros du roman qui organise des séances de cinéma chez lui, tous les mercredis. Sept femmes et deux hommes, telle est la formule de cette réunion hebdomadaire. Autour d'un film, le groupe de cinéphiles se retrouve et leurs discussions oscillent entre légèreté et gravité, à l'image des comédies romantiques qu'ils savourent et commentent allégrement, comme après la séance où est projeté Mon homme Godfrey.
– J'ai adoré ce moment, dit Kate, où l'on voit Bullock, le père millionnaire de Carole Lombard, dans le grand hall de l'hôtel où tous les riches apportent leurs incroyables trouvailles.
– Quand un homme près de lui, au bar, lui dit : "vous avez vu cette vieille folle avec sa chèvre ?" poursuivit Catherine.
– Oui ! Et qu'il lui répond : "Je la vois tous les jours depuis vingt ans. C'est ma femme."
– "Je suis terriblement désolé" fait le type.
– " Et moi, comment croyez-vous que je me sens ?" c'est trop drôle ! J'adore ce genre de dialogues.

Ces retrouvailles du mercredi forment des parenthèses lumineuses dans la routine des jours ordinaires. C'est aussi l'occasion pour ce petit groupe d'aborder les problèmes du quotidien. Il y a Max, tout d'abord, qui ne sait plus quoi faire de la vaste maison qu'il habite et tombe en ruine. Avant, il y travaillait avec d'autres médecins mais ils sont presque tous partis, à l'exception de Muriel son amie endocrinologue qui n'arrive pas à choisir entre son amant et son mari. Il y a aussi Catherine qui dort chez Max de temps à autre, lorsqu'elle se sent trop seule la nuit, Judith, la secrétaire de la maison, Kate, Sarah, Marie-Louise et Jean-François, l'ami de toujours.

Et puis, une dixième protagoniste apparaît, Felisa, une patiente de Max. On peut se demander d'ailleurs si elle ne rappellerait pas vaguement l'ange du film La vie est belle de Franck Capra. Comme lui, elle semble posséder un don pour déplacer les points de vue et amener les autres à comprendre ce qui leur échappe... Un petit coup de pouce du destin, en somme.

Dans ce roman qui mime le temps qui s'écoule, semaine après semaine, les changements se font lentement. Chaque micro-évènement – un enfant qui rentre à la maison, la neige qui tombe, une maladie d'hiver, une dispute amoureuse, un thé partagé – a son importance. Ce sont ces petits riens qui tissent la trame du récit. L'auteur s'attache à décrire la succession des jours, les attentes, les déceptions et les moments de grâce suspendus : "L'univers semblait n'être plus que gouttes d'eau. Elles couraient sur les toits, sur les trottoirs, sur les branches nues des arbres. Il ferma de nouveau les yeux, avec l'intention de revisiter la maison d'autrefois, la maison d'été qui vibrait doucement."

Si on ajoute à cela, les commentaires érudits et précis de tous les films visionnés, on se retrouve lecteur et onzième membre du club-cinéma, à attendre avec impatience les projections du mercredi soir pour découvrir ou redécouvrir un chef d'œuvre du septième art.

Un livre léger et nostalgique, sur le temps qui passe et l'amour qu'on attend, un livre qui prend des allures de comédie romantique et nous emporte joyeusement avec lui.

Énora Bayec 
(01/10/12)    



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Lectures










Robert Laffont

(Août 2012)
480 pages - 21 €






Francis Dannemark,
né en 1955, conseiller littéraire et éditeur, est l'auteur d'une trentaine de livres (dont seize romans) publiés principalement chez Robert Laffont et au Castor Astral.




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de l'auteur :
www.francisdannemark.be