Les albums pour petits, de par la rapidité du texte, racontent souvent un épisode de la vie d’un enfant. Première surprise, le texte de François David nous propose de suivre Jules, de la pouponnière à sa première valse.
Dans un univers que l’on devine terne et formaté le petit garçon détonne un peu : il est plus grand que ses cousins, à l’école sa tenue vestimentaire n’est pas adéquate, en vacances il chante toute la journée y compris au moment de passer à table. Ses parents s’inquiètent de ces petites particularités et Jules, pour leur faire plaisir, s’efface, se fond dans le décor et fait ce qu’on attend de lui jusqu’à brider sa propre personnalité.

Un peu Folon, un peu Peynet, les illustrations de Tiziana Romanin donnent au texte une dimension surprenante, à la fois poétique et fantastique, voire inquiétante. Par exemple lorsque Jules « se perd » dans les arbres, qu’il devient papier peint ou disparaît dans les plis du rideau. Heureusement, une jolie Juliette à la virevoltante jupe bleue débusque Jules dans la grisaille.

Un album vraiment singulier sur le poids des conventions sociales, si présentes dès l’école, et la difficulté d’affronter le regard des autres ; grave mais pas désespérée, bourrée de tendresse, l’histoire de Jules montre que l’on peut se construire et être aimé en étant soi-même.

Patricia Chatel 
(06/09/06)