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Marie DESPLECHIN


La belle Adèle


Ce livre, construit en trente-cinq chapitres de quatre pages, a d'abord été conçu comme un feuilleton en épisodes à lire sur iPhone. Il en conserve la vitalité et les rebondissements.

Adèle, une collégienne, reçoit de sa tante Sopha un cadeau qui va changer sa vie : une séance de maquillage dans un grand magasin.
Frédéric, son ami depuis la maternelle, est de son côté relooké par sa mère avec une belle veste noire qu'il n'a pas du tout l'intention de porter au collège.

Ce même jour, Sopha a invité Brian, un photographe de mode qui ne résiste pas au plaisir de mitrailler le joli couple formé par Adèle et Frédéric. C'était le battement d'ailes du papillon. Celui qui entraîne le tsunami.

Au collège, la vie n'est pas si facile que les adultes peuvent le penser.
Une personne qui n'y vit pas ne peut pas se rendre compte de la dictature qui règne dans un collège. Je ne crois pas. Il s'agit d'une forme de dictature très particulière, et très efficace, parce qu'elle n'arrête pas de se renouveler. Je veux dire que si les dictateurs changent, la dictature reste. Le collégien moyen vit sous le regard permanent du groupe. Et le groupe obéit toujours à ses dominants. Le collégien est jugé sans cesse et il est jugé sur tout. Ses vêtements. Sa manière de parler, de marcher, de s'asseoir. La marque de son sac à dos. De ses baskets.

Adèle et Frédéric ne sont pas bien vus dans leur classe. Elle pour ses cheveux en pétard et ses manières de brute, lui pour sa bonne petite bouille, sa gentillesse incurable et sa manie irritante d'intervenir systématiquement pendant les cours de français où il manie couramment l'imparfait du subjonctif et récite des poèmes par cœur.

Cette histoire de maquillage et de photos leur donne l'idée d'unir leurs différences pour mieux résister à l'hostilité ambiante. Ils vont jouer au couple, se tenir par la main, pour susciter l’intérêt et le respect de tous. Chacun des deux apprend à mieux connaître l'autre, son univers familial, et Adèle comprend pourquoi Frédéric a toujours préféré qu'ils se voient chez elle plutôt que chez lui.

Mais, dès le début, Adèle, la narratrice, laisse entendre que l'aventure sera périlleuse. Certains chapitres se terminent par une formule typique du feuilleton pour maintenir le suspense : « Il était dubitatif. Il n'avait pas tort... », « Le temporaire était parti pour durer. Mais ça, pauvre chéri, il ne le savait pas encore... », « Si j'avais su ce qui nous attendait, non seulement je me serais pris la tête, mais je l'aurais cognée contre le mur jusqu'à ce qu'elle explose… »

Le rythme du récit est vif, l'écriture enlevée, l'intérêt toujours maintenu, et nous suivons avec amusement ces deux adolescents dans leur tentative émouvante et innovante d'affronter à deux la pression du groupe et même des difficultés bien plus graves comme la menace d’expulsion d’un travailleur sans papiers.

Les collégiens vont adorer ce livre qui se lit avec jubilation et met en scène des personnages de leur quotidien dans un univers qu’ils reconnaîtront sans peine.

Serge Cabrol 
(30/08/10)    



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Jeunesse








Editions Gallimard

160 pages - 8,50 €






Photo © Dernières Nouvelles d'Alsace
Marie Desplechin,
est l'auteur d'une quarantaine de livres, la plupart pour la jeunesse.


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