Régine DETAMBEL


La fille mosaïque


L’amour et la mort vont à la rencontre de deux adolescents, Laetitia et Jean. Jean rêvait de paix entre des bandes de jeunes. Il en est mort. « Le plus grand de tous les défauts de Jean, celui qui lui coûta la vie, c’était l’orgueil, un orgueil immense, incommensurable, la volonté folle d’être un garçon parfait. »

Marie Môme, la bibliothécaire du lycée, fait confiance aux adolescents, elle veut leur offrir des livres qui les nourrissent. Elle fait découvrir le dictionnaires de rimes à des rappeurs : « Et cela avait été miraculeux. Les rappeurs avaient copié une liste de mots et puis ils les avaient prononcés pour les goûter et bien les sentir sous leur langue. » Mais elle n’a pas pu empêcher la violence des armes.

L’absurdité de la mort a écrasé tous les rêves de partage, de respect, d’échanges, de bonheur.
« Jean aimait l’originalité de Laetitia et son goût pour les choses inattendues. »
Comment peut-on en arriver là ? « Quand il y a un mort, alors soudain cela les intéresse. Mais ils ne se rendent même plus compte qu’ils ont préparé cette mort, qu’ils l’ont favorisée, chaque fois qu’ils ont découpé le grillage et fait un trou dans la haie.[…] Ces gosses, pensait le jardinier, on ne leur apprend pas à respecter la vie. Normal, leurs pères et leurs mères n’aiment plus la vie. Leur père ne les emmène pas à la pêche, et leur mère ne leur joue pas de musique. »

Les adolescents se questionnent : « J’ai peur de moi, se disait Laetitia, de mon intérieur qui est violent, incohérent et boueux. Pour la même raison, j’ai peur de connaître tout à fait Jean. »
Ils ne savent pas et n’osent pas se parler. Les adultes sont perdus devant tant de violences et d’incompréhension. Ils se sentent désarmés : « Suis-je toujours un père ? se demandait le père de Jean. Suis-je toujours le père de mon fils ? Aujourd’hui il est comme un très petit enfant qui est le centre d’une fête. »

Le roman de Régine Detambel est chargé de la force de l’amour, des idéaux à défendre malgré toutes les embûches. Faut-il accepter d’en arriver à la mort pour réagir et se sentir tous responsables du monde environnant, de ses absurdités, de ses engrenages terribles ? L’écriture directe et forte de Régine Detambel est marquée d’une dimension philosophique qui nous pousse à la réflexion.

Brigitte Aubonnet 
(14/06/08)    



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Jeunesse




Editions Les 400 coups
Collection Connexion
88 pages - 9 €





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