Christine FÉRET-FLEURY

Serial blogger



Une adolescente, sous le pseudonyme de Bettina, crée un blog. D’autres adolescentes la rejoignent pour parler d’elles et de leurs vies ou pour s’inventer une histoire et d’autres vies :
« – Plus tard, je veux être écrivain, se défendait Chloé. Un écrivain doit être capable de se glisser dans la peau de n'importe quel personnage.
– Alors tu as inventé Alice.
– Et d'autres. Quand tu lis, tu t'inventes aussi d'autres vies... personne ne trouve ça mal.
– Mais ça reste entre toi et toi, objecta Naïma. Là, tu nous as menti.
– Et alors ? La réalité, c'est ce qu'on décide de croire. Et puis tout le monde mentait, sur ce blog.
– Bettina, oui. Elle se rêvait en princesse, c'est classique. Je peux comprendre ça. Jane, je ne sais pas... c'était tellement bizarre, cette histoire de pensionnat ! 
»

Le virtuel et le réel vont se mêler pour le meilleur et pour le pire. La réalité terrible et la folie vont s’inviter dans la vie de ces adolescentes. Quels sont les dangers d’Internet et les conséquences parfois dramatiques ? Quel rôle joue l’humiliation dans le parcours d’une vie ?

Le lieutenant de police, Dao Lung Nguyen, va mener une enquête sur un serial killer où vont s’entrechoquer aussi sa vie personnelle et sa vie professionnelle.

Ce roman de Christine Féret-Fleury dénonce beaucoup de dérives possibles dans le monde virtuel et dans le monde réel. Une enquête policière et une analyse psychologique s’enchevêtrent avec un lien prégnant à la littérature où le roman de Charlotte Brontë, Jane Eyre, va se situer au centre de l’énigme :
– « Et vous verrai-je encore, Helen, quand je mourrai ? » « Vous viendrez au même séjour du bonheur, où vous serez reçue par le même tout-puissant et universel parent, sans doute, ma chère Jane. » Et voici la partie qui vous manque : « Elle m'embrassa et nous fûmes bientôt endormies. Lorsque je m'éveillai, il faisait jour; un mouvement auquel je n'étais pas habituée m'éveilla. Je regardai. J'étais dans les bras de quelqu'un. La nurse me tenait et me portait vers le dortoir. Je ne fus pas grondée pour avoir quitté mon lit, on avait autre chose à faire, mais on ne répondit rien à mes questions. Un jour ou deux après, j 'appris que Miss Temple, en regagnant sa chambre au matin, m'avait trouvée dans le petit lit, la figure contre l'épaule d'Helen Burns, mes bras autour de son cou. J'étais endormie et Helen était... morte. » (Jane Eyre, Charlotte Brontë, traduction de Marion Gilbert et Madeleine Duvivier, 1990, Flammarion)

Un très beau texte, dur et réaliste, qui doit passionner les adolescents et les tenir en haleine mais qui passionne aussi les adultes par une construction alternée de différents points de vue qui préserve le suspense.

Brigitte Aubonnet 
(13/03/09)    



Retour au
sommaire
Jeunesse








Livre de Poche Jeunesse

Policier / collège
160 pages - 5,50 €