Paul FOURNEL

Méli-Vélo


Paul Fournel est passionné de littérature à contraintes en tant que Président de l’Oulipo, il est féru de marionnettes et de théâtre mais c’est aussi un fou de vélo.
Après Besoin de vélo où nous partageons avec lui ses souvenirs et aventures cyclistes de voyages entre amis, de chutes, de compétitions, de suivi du Tour de France, Méli-Vélo est un dictionnaire où il nous révèle de A à Z les secrets du vélo qui pour lui est une langue où tout se mêle dans l’essoufflement de l’effort. « Une langue du soir, paisible, qui raconte et reraconte le souvenir des grands et des petits exploits. » La langue du vélo possède ses singularités et elle évolue au fil du temps.

En cette saison de Tour de France, nous pouvons piocher en A : « A pied : Non, en général, quand on est à pied, on pédale encore, mais à la vitesse de l’homme debout. » en B : « Bobos : Le vélo n’est pas avare de blessures profondes : fractures, entailles, arrachements, pour ne rien dire des plaies à l’âme que la défaite et l’injustice infligent au coureur. » … en F : « Flinguer : On dit aussi faire péter, poser une mine, allumer un pétard, gicler… Les termes abondent pour signifier "démarrer". » en L : « Lyrique : Le vélo est un espace lyrique. On peut, entre amoureux du cyclisme, s’indigner, admirer, pousser les hauts cris, glorifier les jeunes et les anciens, vilipender les traîtres et les tricheurs, aimer jusqu’à l’aveuglement, s’emporter, parier, jurer. » … en P : « Paradis : Le paradis cycliste existe, c’est le Massif central en été. Les routes y sont nombreuses, désertes, petites, finement tracées pour épouser la forme des montagnes dodues, elles peuvent être terribles, elles peuvent être ombreuses ou monter droit au soleil. Le paysage est toujours admirable et il n’y a quasiment personne pour le regarder. » Nous découvrons pédaler avec les oreilles, pédaler carré, pédaler dans l’huile… en X : « Xanthopsie : Trouble de la vision dont sont affectés de très nombreux coureurs chaque année en juillet. Cette curieuse maladie se caractérise par le fait qu’elle fait tout voir en jaune. » et en Z : « Zigzag : Monter en zigzag dans le droit-fil de la route est signe d’une très proche défaillance. » et Zaaf Abdelkader qui dans l’étape d’Albi du Tour de France 1950 fut secouru par des spectateurs qui lui donnèrent à boire un grand coup de rouge. Ne buvant jamais d’alcool, il est reparti à contresens sur la route.

Nous zigzaguons au milieu des souvenirs, des découvertes, des champions d’Anquetil à Merckx, des sommets du Galibier au Tourmalet, des compétitions, des balades à vélo dans le sillage des deux roues, des épreuves, des histoires personnelles mêlées à l’Histoire du vélo, des rêves et des mots qui tournent si joliment sous nos yeux. La littérature et le vélo se sont déjà unis dans les textes d’Antoine Blondin, entre autres, et Paul Fournel sait nous rendre sympathique, drôle et émouvant ce sport ouvert sur le monde avec un peloton cosmopolite, et parfois chauvin avec des coureurs qui représentent une France populaire. Le vélo est un sport « feuilletonesque » avec ses rebondissements et ses affaires, un sport romanesque où les mots nous entraînent sans effort.

Brigitte Aubonnet 
(14/07/08)    



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Editions du Seuil
251 pages - 16 €





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