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Jim HARRISON


Une odyssée américaine


Jim Harrison est bien connu des lecteurs de l'hexagone. Ce baroudeur de la littérature à l'œuvre considérable, nous offre avec Une odyssée américaine une réflexion aiguë sur les épreuves au sein du temps qui passe.

A soixante-deux ans, Cliff ancien professeur de littérature, se fait plaquer par sa femme Vivian et sa chienne vient de mourir. Le couple divorce et revend la ferme. Cliff découvre dans son grenier un puzzle des États-Unis et, "après avoir séché ses larmes", il prend la route à bord de sa vieille Ford Taurus avec le projet de rebaptiser les Etats américains de noms d'oiseaux et de fleurs.
Ainsi commence l'odyssée de Cliff.

Tel un Ulysse moderne, il roule, d'état en état, à travers les horizons immenses de l'Ouest américain. Mais de motel en boui-boui, les désillusions affluent : l'usure de l'amour sur presque quatre décennies avec Vivian la mercantile, devenue obèse, diabétique, "je croyais que je l'aimais toujours, mais l'amour devient aussi routinier que les travaux de la ferme" ; la grande douleur de la perte de Lola sa chienne, "la femme la plus fidèle de mon existence" ; les cogitations liées à son fils Robert, homosexuel, investi dans les milieux du cinéma.
Au fil des jours, le road-movie de l'ancien professeur d'anglais est ponctué de rencontres extravagantes et cocasses. Alors qu'il traverse le Minnesota, il embarque avec lui Marybelle une de ses anciennes étudiantes, la quarantaine déjantée, assoiffée de sexe, portable soudé à l'oreille et "confrontée à ses dilemmes".
On aurait envie que dans son errance, l'ancien professeur raye de son carnet d'amis le nocif docteur A, trois fois divorcé à tort et véritable déchet existentiel.

Malgré tout, Cliff tient la route. Il s'interroge, s'étonne, pèse le pour et le contre des choses et son regard finit par s'ouvrir au fil des kilomètres.
S'il est parfois mélancolique, il n'est jamais désespéré. Il rebondit aux attaques répétées de ses désenchantements, car "c'est peut-être les absences de surprise qui provoquent la mélancolie."

Non sans humour, Jim Harrison célèbre la beauté des femmes, le désir et l'ivresse quand bien même le festin touche à sa fin.
Nostalgique, il parle magnifiquement de la nature. Son récit est émaillé de notes bucoliques quand il nous joue la mélodie de la pêche à la truite au bord d'une rivière près de Notch Bottom, parabole du paradis perdu.
Jim Harrison aime par-dessus tout la vie.
Son livre, imprégné de suspens, est poignant. Cheminant aux côtés de Cliff, on se demande si la renaissance adviendra au bout de la route.

Patrick Ottaviani 
(18/05/11)    



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Flammarion, 2009

J'ai lu, 2010



Traduit de l'anglais
(États-Unis)
par Brice Matthieussent






Jim Harrison,
né en 1937, a publié plus de 25 livres. Membre de l'Académie américaine des arts et des lettres, Harrison a remporté la bourse Guggenheim et a déjà été traduit dans 25 langues.