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Andrea H. JAPP

Aesculapius
(Les mystères de Druon de Brévaux, tome 1)



« Laïc, ayant le droit de se marier, le mire exerçait la médecine, souvent sans diplôme, après quelques années d'études. Le médecin, docteur en médecine, était un clerc jusqu'au XVe siècle et, à ce titre, avait interdiction de se marier. »
Il est beaucoup question de médecine dans ce roman situé vers Alençon en 1306 mais pas seulement. C’est aussi un passionnant roman d’aventure dans une province moyenâgeuse où l’on craint autant Dieu que le diable, surtout en cette sombre époque où sévit l’Inquisition, où la bête monstrueuse qui ravage la région ne peut être qu’œuvre diabolique ou punition divine.

Jehan Fauvel, mire de grand savoir, se retrouve sans le vouloir détenteur d’une pierre mystérieuse qui intéresse au plus haut point les autorités religieuses de Rome. Il parvient à la remettre à un ami, Foulques de Sevrin, évêque d’Alençon, avant d’être arrêté et livré aux bourreaux de l’Inquisition.
Son interrogatoire est un magnifique chapitre sur l’état des croyances et le statut de la médecine au début du XIVe siècle.
Mais pour Jehan Fauvel, la chose la plus importante est de protéger sa fille Héluise qui a maintenant dix-huit ans et qui est sa meilleure élève. « Outre le français, la jeune femme parlait et écrivait à la perfection le latin et le grec. Les mathématiques, la médecine et l'astronomie n'avaient plus de secret pour elle. De plus, elle était devenue, en discrétion, une bretteuse de talent, frappant de taille et d'estoc avec la rapidité et la force d'un jeune homme et se fendant avec la souplesse caractéristique de la douce gent. Sans doute dépassait-elle maintenant son maître, son père, bien qu'elle protestât avec véhémence lorsqu'il le lui répétait. » Voilà un beau personnage de roman !
Héluise, ne pouvant tirer son père des griffes de l’Inquisition, veille à ce qu’il meure sans souffrance et c’est le corps sans vie du mire Fauvel qui est brûlé en place publique de Brévaux. Ensuite, la jeune fille disparaît et un nouveau personnage fait son apparition : un jeune mire nommé Druon de Brévaux. C’est lui désormais que nous allons suivre…

Dans une auberge, Druon prend sous sa protection un jeune garçon, Huguelin, qui l’accompagnera dans ses aventures.
Leur chemin les conduit sur les terres de la « baronne rouge », Béatrice d’Antigny, veuve du baron depuis trois ans.
Alors qu’ils essaient d’attraper un lièvre pour enrichir leur ordinaire, voilà nos deux héros attaqués par Morgane, l’aigle de la baronne, capturés et conduits au château. Le braconnage est puni de la peine de mort.
« Si tous les gueux à ventre vide suivaient votre exemple, ma mesnie devrait se rabattre sur des baies et des racines ! Nul ne chasse sur mes terres, nul n’y naît, n’y vit, n’y respire sans mon bon vouloir. »
Les voilà en vilaine posture. Mais Druon de Brévaux fait état de son savoir de mire et la baronne admet qu’il pourrait être plus utile vivant que mort.

Les habitants du château sont plutôt étranges. Julienne, la sœur du défunt baron, est malade et passe ses journées en compagnie d’Evrard Joliet, le bibliothécaire-copiste. Léon, l’homme à tout faire de la baronne, est un géant patibulaire et Igraine, l’amie-confidente de Béatrice, a des allures de sorcière. L’atmosphère du château est très tendue et la mort semble perpétuellement rôder d’une pièce à l’autre.
Ajoutons à cela que la région vit une période difficile parce qu’une épouvantable bête (ou même deux ?) attaque les imprudents qui sortent à la nuit tombée. Le décor est bien sombre.

Comme un lointain ancêtre d’Hercule Poirot pour le huis-clos du château et du Sherlock Holmes de Baskerville pour la bête qui hante la campagne, Druon de Brévaux utilise ses savoirs pour déjouer les forces maléfiques qui menacent la vie de la baronne et des habitant de ses terres.

A la fin de l’ouvrage, les mystères résolus, le jeune mire et Huguelin peuvent reprendre leur route vers d’autres aventures.
– Nous trouverons bien un château ou un manoir, voire une bourgade où mon art pourra s’exercer un temps, nous permettre de nous reposer et de vivre en tranquillité.
Il se trompait gravement.


A peine le roman fermé, on attend déjà le volume suivant avec impatience tant on s’est attaché aux deux personnages. A suivre…

Serge Cabrol 
(30/03/10)    



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Noir & polar










Editions Flammarion
448 pages – 21 €










Andrea H. Japp,
toxicologue de formation, se lance dans l’écriture en 1990 avec La Bostonienne, qui remporte le Prix du festival de Cognac en 1991. Elle est aujourd’hui l’auteur de plus d’une trentaine de romans policiers et historiques dont plusieurs ont paru en Livre de Poche.







Bio-bibliographie
d'Andrea H. Japp
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