Hugo MARSAN

Véréna et les hommes



Véréna et les hommes, huitième roman de Hugo Marsan, continue la recherche humaine et littéraire de cet écrivain aussi au service des autres puisqu’il sait conseiller et critiquer en donnant un avis juste et précis.

Marcel Merson, le héros de ce roman, est un dramaturge qui vit au milieu de ses amis, il les influence, il joue un rôle et il fait aussi jouer chacun avec sa partition. La vieillesse le hante, elle modifie les regards portés sur lui, elle change les lois de l’amour, les attentes, les illusions et les désillusions. Hugo Marsan a déjà décliné avec beaucoup de délicatesse le thème de l’absence. Les absents est d’ailleurs le titre de l’un de ses précédents romans. Marcel Merson dans Véréna et les hommes se sent parfois seul au milieu de sa cour. Il décide donc de s’isoler pour affronter la solitude :
« J'en avais fini avec les autres. Je voulais m'en persuader. La solitude était ma terre. La solitude serait mon île. J'allais tout quitter. Je leur avais déclaré : Je me retire, pour me consacrer à l'essentiel, au grand roman que je n'ai jamais pu écrire. Si j'en suis incapable, je me regarderai descendre vers la mort. Judith avait dit : Tant que vous aurez le goût du drame, vous tiendrez le coup ! »
« À Paris, vers la fin, je ne contrôlais plus mes paroles. Il était temps que je parte. Ici, loin d'eux, j'ai honte de ces déclamations. Mon côté comédien. Quelle prétention ! Ce n'était que du vent, un sursaut de coquetterie, une pose. Comment avais-je pu, moi, soucieux de cacher mes défaillances, ne pas avoir senti que je devenais ridicule avec mon histoire d'île-refuge, alors que j'avais toujours écrit, dans un coin de mon appartement, face à un mur ? J'avais peur, voilà tout. J'avais perçu les signes d'un futur déclin. Peur qu'ils me lâchent. Je prendrais les devants. Mes discours les irritaient, les salauds. Chers amis, isolé dans ce petit désert, je testerai votre fidélité. Rendez-vous fin septembre, si, d’ici là, je ne vous ai pas complètement rayés de ma vie ».


Ce roman aux multiples personnages est un lieu de réflexion sur les rapports humains, sur le temps qui passe – « La seule façon d’oublier le temps qui coule, c’est de vivre à contre-courant » –, sur les sentiments et leur ambiguïté, sur les vraies questions à se poser, sur la nécessité de trouver sa vérité, sur la séduction, le désir : « J’ai longtemps confondu le désir du bonheur avec le bonheur. » Un roman riche, fort, humain, qui se lit avec délectation.

Brigitte Aubonnet 



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Mercure de France
220 pages
16,50 €







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