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Nadine MONFILS

Les vacances d'un serial killer



Par le nombre de cadavres, on est bien dans un roman noir mais il faut reconnaître que l'humour l'emporte largement sur la noirceur. On est plus près d'un film d'Audiard ou de Dupontel que d'un thriller américain.
La famille Destrooper part à la mer. Pas la Méditerranée ou l'Atlantique, non, la Mer du Nord, à la pension Les mouettes rieuses de Blankenberge.
On est en Belgique et le brol, le fritkot, le pékèt ou le cuistax n'ont plus de secrets pour nous grâce aux petites notes en bas de page comme autant de clins d'œil à celles dont Frédéric Dard parsemait ses San-Antonio.
Alfonse et Josette Destrooper, c'est un peu la famille Bidochon mais avec deux ados sur la banquette arrière - Steven (en hommage au comédien Steven Seagal) et Lourdes (comme la fille de Madonna) - et Mémé Cornemuse, la belle-mère d'Alfonse, dans la caravane.

Tout ce petit monde va vivre - et nous faire vivre - des aventures inoubliables.

Déjà, pendant le voyage, les ennuis commencent. La caravane décrochée, la belle-mère disparue, le sac à main de Josette volé à un feu rouge, un motard tué dans une station service et filmé par les ados… Les vacances s'annoncent mouvementées !

Enfin, c'est l'arrivée au paradis des baigneurs.
Les phares allumés, la voiture des Destrooper est arrêtée levant une grosse baraque vieillotte et mal entretenue, située derrière les dunes. La zone. Vue sur la misère du monde. Les passagers semblent tous figés à l'intérieur de la bagnole.
- Dis, Chou, t'es sûr que c'est ici ? s'inquiète Josette.
- Tu vois bien comme moi ce qui est écrit sur la façade. Les Mouettes rieuses. C'est notre pension.
[…]
Josette sort de la voiture en soupirant. Alfonse se tourne vers ses rejetons qui roupillent à l'arrière. Il jubile à l'idée de les réveiller en sursaut.
- Debout, bande de feignants ! On est en vacances ! Enfin ! se marre-t-il.
Les deux ados fixent la bicoque d'un air ahuri.
- Hé, t'as vu, Lourdes, on dirait la maison du psychopathe dans Psychose. Ça craint.
- Ouais, c'est relou.

La belle-mère (très portée sur la chose) multiplie les rencontres, les ados font du cinéma, Alphonse explore la région et ses bistrots, Josette s'ennuie :
Pensive, Josette regarde un bateau s'éloigner à l'horizon. Elle rêve à nouveau de partir à l'aventure, de traverser les océans avec Di Caprio sur le Titanic. Et tant pis s'il coule. Vaut mieux faire naufrage avec Leonardo que de rester le cul sur la plage avec un péquenot.

On dénombre plusieurs cadavres au fil des pages et on s'aperçoit qu'il ne fait pas bon rencontrer le nouveau compagnon de Mémé Cornemuse, un brave garçon très serviable qui a commencé sa carrière de serial killer dès l'adolescence en découpant le facteur avec un sécateur avant d'envoyer ad patres tous ceux qui avaient le malheur de mal se comporter avec tata Mirza. Ses vacances à Blankenberge vont être l'occasion d'allonger la liste de ses victimes…

Comme dans les enquêtes du Commissaire Léon ou Le bar crade de Kaskouille, on retrouve l'humour ravageur de Nadine Monfils, son goût pour la dérision, sa verve colorée et son art du récit décoiffant. Ces vacances d'un serial killer sont un bonheur pour les amateurs de comédies truculentes.

Serge Cabrol 
(18/05/11)    



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Noir & polar









Éditions Belfond

240 pages - 18,50 €







Nadine Monfils,
est belge et vit à Montmartre. Elle est l'auteur d'une quarantaine de romans et de pièces de théâtre. Également cinéaste, elle a réalisé Madame Edouard, un film avec Michel Blanc, Didier Bourdon, Dominique Lavanant et Josiane Balasko, dans lequel elle met en scène le commissaire Léon, héros d'une série de dix romans.




Vous pouvez visiter
le site de l'auteur :
www.nadinemonfils.com

et
découvrir sur notre site
un autre roman
de Nadine Monfils :
Le bar crade de Kaskouille