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Christopher G. MOORE

Zéro heure à Phnom Penh


Vincent Calvino, détective privé à Bangkog, se voit confier une mission pour le moins louche. En échange de 5000 dollars, il doit aller demander des renseignements au gros Stuart Leblanc sur un type dénommé Mike Hatch à qui son employeur doit 50000 dollars.
A court d'argent, Calvino accepte la mission mais Stuart Leblanc est assassiné en sa présence, sur un champ de courses, par un cookie empoisonné. Et sa mort ne semble pas passer inaperçue car Calvino reçoit, immédiatement après, la visite d'une femme travaillant pour les services secrets canadiens, le pays d'origine de Stuart Leblanc.
La femme s'installa doucement dans le fauteuil qui l'attendait en se présentant de nouveau, les yeux toujours rivés à l'arme. Le détective avait un air italien, mais avec autre chose aussi. La peau mate, les cheveux noirs lissés en arrière et les yeux sombres, piquants comme des aiguilles, toujours occupés à examiner des endroits qui exigeaient pourtant la discrétion.

L'affaire se complique et, afin d'en savoir plus, Calvino se lance sur les traces de Mike Hatch. Il se retrouve à Phnom Penh avec son vieil ami de toujours, le colonel Pratt qui, lui aussi, enquête sur ce meurtre mais leur amitié est mise à dure épreuve car Pratt ne lui dévoile que des informations partielles et Calvino, vraie tête brûlée, provoque tous les dangers.
Il se retrouve, cheminant la nuit, dans les rues, sous les tirs d'armes automatiques, au bras de prostituées qui fuient la guerre. Vision d'apocalypse. Dans ce pays dévasté, il n'y a plus que la violence pure et la lutte pour survivre qui compte.
Passé minuit, les rues de Phnom Penh étaient vides. Totalement. Peu importe la direction où l'on regardait, il n'y avait pas âme qui vive, pas une lumière ne fusait de l'enchevêtrement des maisons [...] Les bandits pouvaient être où ils le voulaient, quand ils le voulaient et personne n'était assez naïf pour penser que la police était capable de contrôler les voleurs ou les meurtriers. D'autant plus que la police locale était elle-même un acteur engagé de l'univers criminel de la capitale cambodgienne sans que personne n'ait encore trouvé la bonne méthode pour forcer les flics à faire leur véritable travail. Pas plus qu'il n'y avait de moyens réels pour que les flics honnêtes se mettent à arrêter leurs confrères corrompus. Tous ceux qui se trouvaient dans la rue représentaient un danger. Tous ceux qui étaient dans la rue étaient un danger. Personne ne s'y aventurait le soir. Sauf que Calvino venait d'arriver à Phnom Penh et qu'il avait oublié de se renseigner.

Christopher Moore nous immerge dans un roman policier, noir à souhait mais non dénué d'humour. Il dresse des personnages hauts en couleurs : un vendeur de bijoux tellement adipeux qu'on ne saurait dire s'il est juste immonde ou profondément ridicule, un détective solitaire aux propos misogynes mais au cœur tendre autour duquel gravitent des femmes vénéneuses, intéressées, ou touchantes comme cette prostituée vietnamienne qui ne le quitte plus ou cette femme médecin si mystérieuse qu'on ne sait quoi en penser.

Ce qui fait, cependant, toute la réussite de ce polar, c'est la description de Phnom Penh à la sortie de la guerre et là, l'auteur maîtrise parfaitement son sujet. Derrière le crime individuel se cachent les milliers de morts du quotidien, oubliés, camouflés, dans un Cambodge qui s'achemine difficilement vers des élections libres.
Un bon polar noir, très noir, d'autant plus qu'il est écrit sur fond de réalité.

Enora Bayec 
(07/04/12)    



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Noir & polar










MA Éditions
324 pages - 20 €


Prix de la critique
du roman policier
en Allemagne



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Chistopher G. Moore,
né en 1952, est un écrivain canadien, auteur d'une vingtaine de romans traduits en une douzaine
de langues. Il est surtout connu pour sa série des Vincent Calvino.