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Quelle écriture ! Quel roman ! Délicieuse et terrifiante histoire.
Hitchcock sous le soleil de la Corse. Chronique d'une catastrophe annoncée.
On y entre sans a priori (sauf si on a lu le roman précédent du
même auteur) et on ne quitte plus le livre avant de savoir si, oui ou non,
va se produire ce qui semble si prévisible.
Dans un prologue de quelques pages, la narratrice arrive pour l'été,
avec son mari et leur petit garçon, dans la maison isolée où
elle venait en vacances avec ses parents, où elle est venue pour la dernière
fois il y a vingt ans quand elle en avait seize. On sent que cette maison abandonnée,
dans ce lieu-dit désert, Acquargento, sera au cur du roman. La
narratrice a besoin de se réconcilier avec le passé. Un petit
jouet mécanique, un canard au duvet râpé, retrouvé
dans un placard fait resurgir avec la violence d'une gifle, l'adolescente et
son dernier été corse. Alors commence le roman, étrangement écrit au vous. Le prologue,
à la première personne, avait déjà donné
un avant-goût des possibilités de l'auteur, nous voici embarqués
maintenant dans une tonalité plus insolite. Ce n'est pas le "vous"
de Michel Butor s'adressant au lecteur mais un "vous" s'adressant
intimement à l'adolescente, comme un "je" distancié. Voilà donc Anna avec ses parents dans cet endroit désert où
il faut une heure pour descendre à la mer et beaucoup d'énergie
pour en remonter. Il fallait donc se résigner à prendre la voiture
et aller à la plage avec papa-maman. Mais une arrivée imprévue va bouleverser la tranquillité
d'Acquargento. Hélène, la grande sur, douze ans plus âgée
qu'Anna, qui a quitté la maison il y a déjà longtemps,
débarque avec un bébé d'un an, Léa. Son dernier
courrier annonçait justement la naissance de sa fille, puis plus rien,
et aujourd'hui, son arrivée, comme si tout était normal. On est à peine à la page cinquante et on comprend que la situation
se tend d'un coup. Autant Anna, à son grand étonnement, s'attache
très vite à la délicieuse petite Léa qui fait ses
premiers pas sur la terrasse et découvre le monde de ses jolis yeux tout
bleus, autant Hélène se comporte de façon très étrange
avec sa fille. Anna s'interroge, cherche à comprendre, interpelle ses
parents, surveille sa sur. L'angoisse monte de page en page, le suspense
s'installe. Léa est-elle vraiment en danger ? Est-ce Hélène
qui dérape ou Anna qui se fait du cinéma ? Le soleil brille sur Acquargento et la mer est belle, mais loin d'un roman de
plage, c'est un superbe et implacable roman noir que nous offre Marie Neuser.
Un auteur à découvrir et à suivre. Un grand talent qui
n'a pas fini de nous faire frissonner. Serge Cabrol |
Sommaire Lectures Éditions L'écailler (Septembre 2012) 160 pages – 17 € (Mai 2015) 192 p - 5,80 € €
(Septembre 2014) 150 p - 5,30 € |
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