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En alternance avec l'errance de Marie, on revient régulièrement à Beuvron-la-Mercy pour découvrir qui était Claire, la jeune femme tuée dans l'accident et on suit l'avancée de l'enquête de gendarmerie, les appels à témoins, l'étau qui se resserre peu à peu autour de la fuyarde. Après avoir roulé plusieurs jours, Marie abandonne sa voiture
et continue à pied. Ce sera l'occasion de nouvelles rencontres pas toujours
très agréables et puis Denise qui l'accueille dans la ferme où
elle vit avec son fils Alain, un homme pour le physique mais un enfant pour
le mental. Ses pas la ramènent donc à Beuvron et la suite du livre va nous montrer plus précisément, mais par petites touches, qui était Claire, ce qu'elle faisait dans ce parc dont elle était "gardienne" et qui a été le lieu d'un grand projet artistique avec un paysagiste et un photographe. L'auteur présente ainsi, au fil du roman, une galerie de personnages, certains naïfs ou généreux, d'autres violents ou torturés, en les mettant en scène, en les faisant exister, agir, réagir, dans des scènes brèves, souvent des face à face, des affrontements, en créant à la fois le décor et l'atmosphère de leurs existences. Peu à peu, le roman devient une fresque, qui part de Beuvron, s'en éloigne sur les pas de Marie mais sans cesser de nous y ramener par les documents administratifs et les rapports de gendarmerie, et puis tourne autour avec les rencontres de Marie mais tout en nous y plongeant plus profondément encore avec le récit des mois qui ont précédé la mort de Claire, sa vie dans le parc et la naissance du bébé évoqué dès le premier paragraphe du roman, avant de nous y installer vraiment, Marie rejoignant l'univers de Claire, prête enfin à assumer sa vie et les conséquences de l'accident et de sa fuite. Une heure de trajet, on ne peut pas appeler ça un voyage, a pensé
Marie avant de s'endormir. À présent, le car tournicote entre
les villages et les lieux-dits. [
] Un roman superbe, très fin, aux touches précises, sans pathos ou scènes inutiles, où chaque description participe à la création d'une atmosphère, où chaque confrontation permet au lecteur de mieux comprendre les personnages, les liens qui les unissent, les motivations qui les animent. On avance lentement, on ressent beaucoup, on chemine au rythme de Marie, chaque jour de cet été 2003 apportant son lot d'émotions, au gré des rencontres et des jaillissements de la mémoire. Une belle rencontre littéraire. Serge Cabrol (12/11/12) |
Sommaire Lectures Belfond (Août 2012) 276 pages – 19 €
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