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Gaëlle PINGAULT


On n'est jamais préparé à ça



Un recueil de onze nouvelles, des histoires de tous les jours avec l 'imprévu et le dissonant cachés au creux du quotidien le plus banal. La Bretagne, région de cœur de l'auteur, nous révèle la quatrième de couverture, est très présente, celle de la campagne et des grandes propriétés (Monter en bas), de la mer (Sur le sable) comme celle des crêperies parisiennes (Miroir brouillé) avec des femmes, des hommes, adultes, adolescents ou enfants dont on découvre les parcours et les handicaps du corps ou du cœur. Des ambiances, fortes. Des personnages ni bons ni méchants, décrits par deux ou trois points essentiels qui prennent de l'épaisseur au fil du récit et dont l'auteur met à jour les failles. Tous, serveur, musicien, informaticien, étudiant, rentier, peintre, sont mis à nu devant nous au moment où tout s'effrite en eux, où les sentiments dérapent de façon plus ou moins contrôlée et qu'ils tentent de réagir. Certains y parviennent, d'autres pas.
Avec une palette riche de nuances et d’émotions oscillant entre le rire et les larmes, l’humour et les grincements de dents, l'auteur nous parle d’amour et de haine, de deuil ou d’espoir, de violence et de petites lâchetés.

Gaëlle Pingault raconte de prime abord des histoires gentilles avec des mots doux, des bribes de vie enchâssées dans des textes fragiles, sensibles et pleins de vie où il n'y a rien de mièvre et même par moment une certaine férocité. "Un jeu subtil de combinaisons de vies, de moments et de sentiments exacerbés" dit justement Ludovic Roubaudi dans la préface.
L'auteur s'y entend fort bien pour relativiser les évidences, jouer des retournements et amener son lecteur là où il ne s'y attend pas.
Parfois, comme dans « Monter en bas » ou « Note de cœur », elle flirte avec le polar de façon subtile et réussie. L'art de la chute, elle connaît, l'équilibre entre ce qui est dit et ce qui reste en suspens aussi. Les nouvelles sont assez longues pour que le lecteur s'y installe jusqu'à deviner et combler les vides à sa façon.
Elle aime, avec un dosage discret mais efficace, user de formules chocs – « un père, une mère et plus d'enfant » (Sur le sable), « sans doute que si j'étais cul de jatte, je me serais épris d'une coureuse de fond » (Dysmachinchose), « une femme bien dans son corps, bien dans sa tête. La philosophie et la plomberie étaient pareillement nourries, choyées, entretenues. Plus dure fut la chute. » (Le corps d'une femme), « je suis fou, probablement. A moins que je ne sois, bêtement, qu'un pauvre crétin sans envergure et risible. J'avoue que je me pose souvent la question. » (Realidad), « Ce n'est pas facile d'essuyer ses larmes avec un bras dans le plâtre et l'autre qui porte une attelle. Je ferais mieux de dormir » (Note de coeur) – qui font mouche.
La dernière nouvelle, « Note de coeur », petite tragi-comédie qui nous immerge dans le monde des "nez" et du luxe est un vrai bijou.

Un premier recueil parfaitement maîtrisé qui sonne comme une promesse d'autres textes à venir.

Dominique Baillon-Lalande 
(25/04/09)    



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Editions Quadrature

126 pages - 15 €





Gaëlle Pingault
est orthophoniste.
Ce recueil est
son premier livre.




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de Gaëlle Pingault :
http://gaellepingault.
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