Chantal PORTILLO

Et que la nuit glisse sur le bleu de ta jupe

Quand la nuit s'étale, s'empare de Lenbourg, Bleuet enfile jupe en cuir, blouson et chaussures à hauts talons. Et elle arpente les ruelles du village... Lui, il ne peut la quitter des yeux. Il ressent une vive douleur, comme un spasme, un coup. Quelque part, au niveau de la poitrine ou du ventre, il ne sait pas bien. Qu'est-ce qu'elle a cette fille ? Des larmes montent comme quand il était petit. Des larmes d'enfant.

Une série de photographies dont il ignore tout est confiée à un écrivain. Il s'aventure alors dans l'écriture d'un roman où ces photographies croiseront la vie du héros pour la transformer.

(4e de couverture)



Zora, que sa mère a élevée seule car son père kabyle est rentré au pays, a ouvert un café en bas du village de Lenbourg. Flore qui vient de Paris a ouvert un café en haut du village. Elle est passionnée par Venise et le célèbre Café Florian situé place Saint-Marc.

Bleuet est une jeune femme muette car parler à sa mère, dont toute la famille a été tuée par les Allemands, serait trop douloureux. Bleuet est complice avec son père qui s’occupe de poules. La mère les houspille : « Mais où étais-tu ? Qu’est-ce que tu as encore dans les cheveux ? Du duvet, des plumes… On dirait que tu habites un poulailler ! » Le père et la fille ne se regardaient pas, ne se parlaient pas. Le père donnait à l’enfant une place dans son territoire. C’était leur secret.

Bleuet quitte ses parents en emportant avec elle un poussin. Il deviendra une poule, Marilyn, qui l’accompagnera dans tous ses déplacements.
Bleuet arrive dans le village de Zora et Flore qui se prennent d’amitié pour elle.
Bleuet est bizarre avec sa poule, on se moque souvent d’elle mais elle est attachante. Atypique et généreuse, elle intrigue.

Elle reçoit des hommes dans sa chambre. Deux d’entre eux vont se battre pour elle. Tim est heureux comme il ne pensait pas que c’était possible. […] Il voudrait lui donner. Il voudrait tant. Quelque chose de beau, de si beau. Pas de bijou, rien qu’on achète, non, plutôt un morceau de ciel. Le découper. Ou le vent des sables. Le ravir. Pour elle. Ou un arc-en-ciel. Non, plutôt un nuage de plumes pour voler. Comme toutes les plumes de poules qui l’ont fait rêver, enfant. Les plumes de Marilyn et de sa famille !

L’écriture flirte avec la poésie pour traduire les émotions profondes des personnages.
Nous retrouvons le thème des origines et de l’identité qui hantent les romans de Chantal Portillo.
Ses personnages, toujours atypiques, évoluent dans un environnement non défini où les qualités humaines sont essentielles et où l’imaginaire est omniprésent.

En écho aux photos de Hally Pancer, lieux désertiques parfois angoissants où jouent l’ombre et la lumière, le texte, parfois à la limite du conte, nous permet de retrouver avec plaisir l’univers de Chantal Portillo dont l’approche du monde et des humains, comme dans chacun de ses romans, est originale et crée une ambiance toute personnelle.

Brigitte Aubonnet 
(07/09/08)    



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Editions Thierry Magnier
106 pages - 13,50 €


Photos de
Hally Pancer





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