« A l’origine, une bande de copines, un atelier d’écriture, des souvenirs plein la tête, un besoin de parler, une envie de dire, de vous faire partager notre pays et un livre commun est né De l’encre dans la prairie.
Mais l’aventure n’est pas finie, le virus de l’écriture s’est incrusté et devient pour moi un besoin et une thérapie.
Une thérapie du cœur, de la tension, mais aussi une thérapie pour s’ouvrir aux autres et tenter de comprendre pourquoi le destin vous frappe si sournoisement et que la maladie vous ôte tout espoir de vie normale. »

La "maladie", c’est une Sclérose En Plaques diagnostiquée en août 2000 et dont les initiales ont été reprises pour le titre : Semailles Et Pagaille.

Les deux premiers chapitres du livre, les Semailles, évoquent le destin de cette jeune étudiante de l’Ecole Supérieure de Chimie de Paris, devenue paysanne en 1979 pour l’amour d’Alain, un amour d’été devenu engagement d’une vie.

« Nous étions sur une petite ferme auvergnate à 900 m d’altitude, trente hectares répartis en petites parcelles sur dix communes différentes. Nous possédions un troupeau d’une quinzaine de vaches laitières de race montbéliarde mais avec une petite production. Nous courions de partout sans gagner grand-chose. »

Laurence Pourieux raconte le combat permanent pour vivre de leur métier, les bonheurs et les soucis, la naissance des quatre enfants, les travaux, les changements d’exploitations…
En 1999, crise de la vache folle, le moral des agriculteurs est au plus bas.
« Mais notre groupe de femmes de Limoges ne veut pas rester les bras croisés à regarder l’image de l’agriculture se dégrader, être salie, bafouée…
Dans toutes nos discussions, le mot beau revenait (beau métier, belle campagne).
Alors pourquoi ne pas associer l’art à notre projet ? »
Les femmes suivent une formation sur la communication, interpellent les collectivités locales, prennent contact avec des artistes…

Ensuite, c’est la Pagaille. En 2000, une gêne de l’œil droit, de multiples consultations et examens, pour arriver au diagnostic du neurologue : SEP.
Trois des six chapitres sont consacrés à la maladie, ses conséquences, son évolution, les douleurs, les angoisses…
Mais la vie continue.
L’atelier d’écriture devient essentiel, une nouvelle passion.

Malgré la SEP, Laurence Pourieux participe autant que possible au travail de son groupe d’amies, les "Artsgricultrices", dont les réalisations s’enchaînent sans répit.
Un livre collectif, De l’encre dans la prairie, paraît en 2003 ainsi qu’une pièce de théâtre : Le plancher des vaches. Les médias s’en font l’écho. Libération, Le monde, La vie, journaux télévisés de vingt heures sur TF1 et France 2… Après les scènes limousines, la pièce est jouée un mois à Paris, au Théâtre du Rond-Point, à guichets fermés.
Un film documentaire, Le champ des paysannes, dont le tournage a duré un an, est diffusé sur France 3 en avril 2006. Une exposition de photos, Les pieds sur terre, est inaugurée en septembre 2006.

Semailles Et Pagaille, c’est tout cela, le bonheur, les souffrances, la lutte, l’amitié, les rencontres, racontés avec passion ; un livre qui ne peut laisser le lecteur indifférent.

Laurence Pourieux anime aussi un site internet, www.webzinemaker.com/ecriture, tenu régulièrement à jour.

Serge Cabrol 
(24/02/07)