Absences est un titre bien choisi, comme un fil conducteur, pour ce recueil de huit nouvelles. Mais on y trouve aussi l’amour, la passion, la tendresse, et puis les ruptures, les séparations, les disparitions, tous ces événements qui amènent l’ennui, la solitude, le sentiment d’abandon, les regrets…

L’écriture de Corine Pourtau flirte souvent avec la poésie pour évoquer une petite fille qui parle aux oiseaux, la tristesse du retour sur un lieu où s’est déroulé un drame de l’enfance, la douleur d’une séparation inéluctable de jumeaux, pour décrire une mort ou une disparition comme une transformation en arbre ou en fleur…

Parfois une touche d’humour vient éclairer l’ensemble, quand la vieille dame s’impatiente de la lenteur des autres à mourir ou quand l’homme abandonné par sa femme ne peut goûter aux plaisirs de l’infidélité faute d’avoir encore un caleçon propre.

Même dans le confort routinier d’une vie commune, l’absence de l’autre peut être cruellement ressentie. Quand l’autre ne pense qu’à son métier, que seule sa vie professionnelle est importante, qu’il trouve normal de prendre chaque matin une chemise repassée dans l’armoire sans se préoccuper de la façon dont elle y arrive, quand il est trop obnubilé par son travail pour penser à l’anniversaire de sa femme ou qu’il refuse de comprendre pourquoi l’écriture empêcherait une épouse d’assumer en même temps la totalité des tâches ménagères.

Absences, donc, déclinées sur plusieurs modes et dans des situations très diverses pour constituer un très beau recueil, tout en contrastes, les pages de pluie alternant avec les paragraphes ensoleillés, l’amour et la tendresse avec la solitude et la tristesse, les petites filles et les jeunes femmes avec les vieillards et les hommes seuls…

Un coup de chapeau aussi à l’éditeur, D’un noir si bleu, pour la qualité de son travail et de ses choix. Les nouvellistes savent la difficulté de trouver un lieu aussi accueillant pour leurs recueils…

Serge Cabrol 
(31/08/06)