Jean-Bernard POUY, Le rouge et le vert


Quand Adrien (alias Averell pour son daltonisme) ne travaille pas le nez dans les parfums qu’il crée, il contemple le fruit de sa passion au nom de fleur : Violette. Ce métier rare et atypique qu’il exerce avec un talent reconnu dans le milieu du luxe lui laissant pas mal de disponibilités, il sait aussi laisser couler le temps, profiter de la vie et se plonger avec délectation dans des romans policiers. Un marginal hors de la cohue.

Lors d’un dîner mondain avec le directeur de thèse de sa dulcinée, agacé par l’attitude supérieure et professorale de leur hôte, ils s’opposent tous deux en une joute oratoire acharnée mais pleine d’humour sur la littérature policière. Le grand ponte n’aimant pas qu’on lui tienne tête, la riposte ne se fera pas attendre. Le lendemain, le « nez » se retrouvera embringué par l’universitaire dans une enquête folle sans objet et sans cadre mais non sans conséquences. De l’enquête à la quête personnelle il n’y a pas loin et être confronté brutalement et sans filtre au monde extérieur ne laisse pas indemne. Sans oublier les perturbations que l’incontournable vamp de l’archétypique roman policier, incarnée ici par Stéphanie, collègue superbe, ambitieuse et dévoreuse d’hommes, peut causer chez un rêveur aussi désarmé face à la vie.

Jouissif, bluffant, ce récit métaphorique sur le polar, sans mort et sans violence, est dédié avec malice « à tous ceux qui font des débats sur le roman noir ». De ce petit jeu formel provocateur, JB Pouy, oulipien dans l’âme, se sort avec bonheur. C’est truffé, l’air de rien, de références sur le cinéma, la musique, les vins, la littérature (entre autres) et on se régale. Ça pétille, c’est brillant mais pas anodin et le lecteur, lui, s’amuse beaucoup.

Dominique Baillon-Lalande 



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Noir & polar









Editions Gallimard
Série Noire
162 pages
8 €