A travers un échange épistolaire avec un prisonnier, un écrivain se retrouve plongé dans ses propres souvenirs.
Cette correspondance lui révèle une nouvelle facette de son ex-femme qui l’intrigue et remet en question la relation qu’il entretenait avec elle : « Cette Christine dont me parle le prisonnier, en quoi est-elle la mienne ? En quoi ressemble-t-elle à celle dont je conserve la plaisante image ? »

Ce détenu qui dit appartenir au même monde qu’elle, le milieu "fêtard" aisé parisien, met le narrateur mal à l’aise et lui pose question : A quel monde appartient-il ? Celui de ses origines paysannes, ou celui de la culture et du parisianisme ? « Mon enfance miséreuse, mon autodidactisme ne lui paraissaient pas une justification de la hargne que j’exprimais si injustement. Car après tout, n’avais-je pas "réussi" dans la vie, ne m’étais-je pas apparemment intégré à la société qui était la sienne ? » s’interroge-t-il à propos de son ex-beau-père.

Il se retrouve pris au piège de ces lettres et de ses interrogations.

Michel Ragon nous entraîne à la fois dans ses souvenirs amoureux et dans sa difficulté à trouver sa place sociale : comment se sortir de cette situation inconfortable d’appartenance à deux mondes sans renier ses origines tout en étant à l’aise dans le milieu dans lequel on évolue ?

Sans y apporter réellement de réponse, il semble avoir trouvé avec le temps et la réflexion, la distance nécessaire pour concilier ses racines prolétariennes avec un univers culturel parfois considéré comme élitiste.

Sylvie Paré 
(31/01/07)