Talentueux, excentrique et majestueux, quoique souvent cocasse, Saturnin Fabre que tous les amateurs de cinéma connaissent et reconnaissent, même simplement à la voix, avait commencé sa carrière au début du XXe siècle. Et cet artiste atypique qui tourna avec Max Linder marqua de sa présence de très nombreux films pendant plus de cinquante ans. Il faisait l'admiration de Pierre Fresnay qui partageait avec lui d'avoir commencé sa carrière au cinéma muet. Curieusement, je les ai retrouvés tous deux dans un livre récent qui mérite l'intérêt des amateurs : le Dictionnaire des acteurs du cinéma muet en France.

Cet ouvrage dû au journaliste Jacques Richard est devenu en quelques jours un de mes livres de chevet où je retrouve non seulement Fresnay et Fabre mais aussi les centaines de comédiens qui furent l'ossature du cinéma français avant qu'on lui donne la parole. Et qui en furent également les héros plus ou moins oubliés. Sa richesse d'information et son remarquable classement, illustré de photos très rares, en font un ouvrage nécessaire aux cinéphiles mais il se révèle aussi passionnant pour tous les amateurs de l'Histoire de l'Art.

Vous y retrouverez des noms fort connus car des artistes de grande notoriété se sont formés au muet : Maurice Chevalier, Françoise Rosay, Valentine Tessier, Pauline Carton, Yvonne de Bray entre autres mais aussi de véritables vedettes du grand écran tels Charles Vanel, Harry Baur, Albert Préjean, Raimu et Michel Simon. On y retrouve évidemment Georges Méliès l'incontournable père fondateur et Charles Dullin qui y apporta déjà sa réflexion novatrice. Puis apparaissent Jean Grémillon et René Clair qui firent ultérieurement évoluer les mises en scène des premiers temps.

Vous y rencontrerez enfin des noms qui vous sont parfaitement inconnus. Et grâce à cette méticuleuse recherche, ces derniers vont vous raconter de l'intérieur une histoire passionnante. Pour la première fois, le cinéma de nos grands-pères fait l'inventaire de son monde grouillant pour notre bonheur de gens élevés dans son fantastique sillage. Sans oublier notre plaisir d'explorer les trente années de sa Genèse.

Claude Chanaud 
(17/12/11)