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Marie-Sabine ROGER


Bon rétablissement


Jean-Pierre Fabre reprend conscience à l'hôpital, cassé en mille morceaux après une chute dans la Seine : suicide, accident, agression ? Il a été sauvé en pleine nuit par Camille qui heureusement était présent à cette heure tardive. Jean-Pierre ne se souvient de rien et il se demande ce qu'il faisait dehors à cette heure-là.
Le long séjour qui commence pour cet homme veuf sans enfants, plutôt ronchon et en recherche de tranquillité, va être l'occasion de diverses rencontres.

L'inspecteur chargé de l'enquête va venir le revoir régulièrement. Il a ses raisons même s'il n'a aucun nouvel élément sur les circonstances du drame.
Camille, le jeune étudiant qui l'a sauvé, vient aussi le voir. La relation entre Jean-Pierre et Camille sera compliquée à établir mais Jean-Pierre va peu à peu découvrir le sort réservé aux étudiants dans la société.
Une adolescente s'impose régulièrement dans la chambre de Jean-Pierre qui a bien du mal à la supporter car elle lui emprunte son ordinateur plutôt de force.

Peu à peu, Jean-Pierre apprendra à connaître et à accepter les personnes qui s'introduisent dans sa chambre. La visite de son frère lui permettra de réfléchir à son enfance :
"Au mois de mai suivant, je dépassais mon père.
Voir de haut le sommet de son crâne luisant, c'était autrement plus fort que ce qu'avait dû ressentir Gagarine dans sa fusée Vostok. La calvitie de mon père, c'était mon vol spatial.
"
"Pendant deux ou trois ans, mes relations avec mon père se sont réduites à des éclats de voix, entre des épaisseurs de silences tenaces. Le jour, je faisais la gueule ; la nuit, je faisais le mur."

Les infirmières créent aussi des liens avec lui. Ce cheminement vers les autres l'amènera à se découvrir lui-même dans la profondeur de son être : "A seize ans, on ne manque pas de colère, mais seulement de répartie." Il a 67 ans et le temps.

Marie-Sabine Roger décrit avec un concentré d'humour acide et féroce l'univers de l'hôpital. Elle aborde aussi les thèmes récurrents de toute vie, le couple, la vie de famille, les relations avec les autres, le temps qui passe, la douleur, la mort, la religion… : "Ce n'est pas la croyance qui me gêne, c'est ce que certains croyants en font."

Un très beau roman où l'on ne s'ennuie jamais porté par le rythme de l'écriture contrastant avec l'immobilité du personnage principal. Un arrêt dans sa vie qui finalement lui sera bénéfique. Marie-Sabine Roger crée aussi avec talent de belles images littéraires. Elle aborde les multiples facettes de l'humain dans ses aspects les plus odieux et sombres mais aussi dans ses côtés généreux, brillants et étonnants. Il n'est pas toujours facile d'exprimer ses sentiments à ceux que l'on aime et à ceux que l'on rencontre. Parfois notre attitude est inverse de celle que l'on voudrait avoir. Ce texte rythmé par sa construction et son écriture nous emporte d'un bout à l'autre sans pathos. On s'amuse parfois de situations plutôt dramatiques, ce que réussit très bien Marie-Sabine Roger comme dans ses livres précédents où elle abordait pourtant des thèmes comme les inégalités sociales, le vieillissement ou le handicap...

Brigitte Aubonnet 
(30/03/12)    



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Lectures









Editions du Rouergue

Collection La Brune
208 pages - 18,50 €




Marie-Sabine Roger,
née en 1957, se consacre aujourd'hui à l'écriture. Elle est l'auteur de plusieurs dizaines de livres pour les enfants, les adolescents et les adultes.



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