Victime Delta


Auteur de plusieurs romans policiers publiés chez Rivages, grand prix du roman noir du Festival de Cognac 2003, Louis Sanders est aussi sapeur-pompier en Dordogne et le roman qu’il vient de publier chez Syros doit beaucoup à cette double activité.
Victime Delta (c’est le terme employé pour désigner une personne décédée) se déroule au nord de Périgueux. Le thème principal est la passion que vivent les pompiers pour leur activité, le désir de certains de le devenir et l’humiliation de ne pas y être admis.

Dès le premier chapitre, une dame âgée reçoit la visite d’un pompier qui lui propose le traditionnel calendrier. Elle est étonnée parce qu’on n’est qu’en octobre et que le calendrier date de l’année précédente. Elle a juste le temps de téléphoner à sa sœur avant d’être sauvagement assassinée…

La sœur de la victime est la grand-mère de Jean Frégnac, un pompier de Saint-Romain. Lorsqu’il apprend que l’assassin est aussi un pompier il se met à douter de tous ceux qui l’entourent. Anglade, le chef de centre ? Lebreuil qui est entré le premier dans la maison de la victime par la fenêtre, qui a découvert le corps et mis si longtemps à ouvrir la porte ? Martial qui a toujours des soucis d’argent alors qu’on n’a pas retrouvé les économies de la vieille dame ? Ou Michel ?

Michel voudrait tellement devenir pompier ! Mais quand il participe aux stages de sélection, il est confronté à Schneider, un formateur violent et agressif : Il les dominait tous d’une bonne tête, il avait le cheveu coupé ras, le nez cassé. Un mélange de brutalité et d’assurance dans le regard. C’était un ancien volontaire devenu professionnel et qui s’autorisait désormais à mépriser ce qu’il avait été encore récemment. Il était d’autant plus aigri qu’en passant d’un statut à l’autre il avait perdu ses grades et se retrouvait deuxième classe, comme les stagiaires.
Michel est humilié par Schneider qui l’appelle « le gros » et ne cesse de le harceler, de faire remarquer la moindre erreur, jusqu’à lui ordonner de faire quinze pompes devant tout le monde parce qu’il avait oublié le nombre de mètres de tuyaux semi-rigides dans un fourgon.
Michel aurait voulu voir Schneider brûlé par les flammes d’un incendie, étouffé par les gaz au fond d’un puits ou écrasé par l’effondrement d’une grange.
Et lorsqu’il comprend qu’il ne deviendra jamais pompier, Michel éprouve l’envie de pleurer. Puis le désir de se venger de tout ce monde-là.

Alors qui a pu assassiner la vieille dame ? La disparition de Michel quelque temps après le drame n’est-elle pas un aveu ?

Nous apprenons la vérité à la fin du livre, bien sûr, après avoir vécu des heures passionnantes et émouvantes parmi les soldats du feu qui, chaque jour, traduisent courageusement dans leurs actes la devise dont ils sont si fiers : "sauver ou périr".

Serge Cabrol 
(16/05/07)    



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Jeunesse




Louis Sanders
Victime Delta


Editions Syros
Collection Rat Noir
112 pages - 9 €

www.syros.fr