Trois nouvelles d’Annie Saumont où le passé s’invite dans le présent :

- Un couple est à table, elle parle sans cesse, lui regarde la maison d’en face. Qui est cette fillette au grain de beauté ? Sa femme s’occupe du contrat pour leur chauffage, elle parle, elle décide, il l’écoute à peine. Quelle est la nostalgie de cet homme ? La poésie du passé ou le présent devenu terne et ennuyeux ? Mystère. Deux pistes sont possibles pour comprendre la chute de la nouvelle.

- Deux amies vont retourner dans un foyer. Elles rêvent leur vie, le bonheur, mais l’histoire familiale les poursuit.

- Un homme sort de prison, il a tué une fillette sur le bord de la route alors qu’il était sous l’emprise de l’alcool : « Ils l’ont couché sur un brancard non je n'ai rien vu j'étais loin. Je dépassais à toute bringue un poteau indicateur avec le nom d'un village et presque aussitôt le suivant où le nom du village est barré d'un gros trait. Et puis encore encore encore. Les enfants étaient à l'école. J'allais follement, un ouragan une comète. Moi, l'autre. Cet autre moi dont je ne devrais pas parler. Le juge a dit, excès de vitesse. Les agents ont dit, un gramme trente. Pourtant j'avais freiné. » Il retourne sur le lieu de son enfance.

L’écriture d’Annie Saumont est toujours aussi incisive pour décrire des fragments de vie. Le passé est omniprésent dans le présent. Est-il possible de sortir de son histoire personnelle ? Les mystères des vies, les incertitudes jalonnent ces textes où le lecteur est acteur. Il peut créer son propre texte, sa propre compréhension avec les éléments fournis par l’auteur.

Brigitte Aubonnet 
(05/09/06)