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Françoise XENAKIS


J'aurais dû épouser Marcel



De passage dans une de ces grandes surfaces où les bouquins référencés bénéficient des techniques promotionnelles nées dans les supermarchés alimentaires des années soixante, j’avais entamé un slalom entre des Recettes d’une Cuisine Libertine Scandinave qui étaient présentées en tête de gondole, et les Souvenirs d’un ancien Président de la République bénéficiant de la technique de vente dite par effet de masse. Il y avait également un îlot de couloir consacré aux grands joueurs de football contemporains.

Je dépassai ces mètres cubes de futilités que de très nombreux acheteurs confondent avec de véritables livres – notamment à la veille des fêtes de fin d’année – quand j’aperçus le fléchage des Prix Littéraires 2009. Ceci me consola car le choix de ces derniers relevant généralement d’un jury de spécialistes en littérature permet de limiter les méprises précédentes et j’ai souvenir d’en avoir lus qui furent de parfaits compagnons de pages.

J’en pris deux à tout hasard et, un peu plus loin, je complétai ces achats d’impulsion par le dernier livre de Françoise Xenakis, une valeur reconnue dans l’éventail plumitif.

Mais, suivant la délicate coutume de notre site portant à soutenir le bon texte plutôt qu’à piétiner la performance médiocre, je ne vous dirai pas les titres des deux prix littéraires ni le nom de leurs auteurs. En effet, j’en ai parcouru un – bien écrit mais outrageusement superficiel – et j’ai arrêté de lire le second à la page trente. Je m’ennuyai !

En revanche, le livre dont le titre est J’aurais dû épouser Marcel est une histoire solognote que Françoise Xenakis a d’évidence murie dans sa tête et dans son cœur. Il m’a mobilisé au point que je l’ai lu dans la nuit. Et faute de vous en résumer la trame qui mérite la découverte précise et nuancée de son auteur, je veux simplement vous donner envie de le lire.

Il y a dans ces pages tout ce qui fait d’un bouquin un compagnon attachant. Sur la base d’une tendresse qui s’exerce à l’endroit des plus malheureux, une fiction étonnante d’imaginaire se situe en pays solognot, entre Millançay et Romorantin.
Ainsi apparaît une peinture aussi vraie qu’émouvante d’une époque infiniment rude aux enfants de l’Assistance publique. Et surtout la force d’en sortir avec, au coin des lèvres, un rire pas dupe.

Les clins d’œil de madame Xenakis qui connaît bien cette région sont autant de réflexions lucides sur notre France profonde et un passé trop souvent magnifié par ses thuriféraires. Et puis quel style : sa truculence occasionnelle est élégante et fort classique. Maintenant vous pouvez courir l’acheter. Ou comme le conseillait le Professeur Choron aux fauchés des années soixante-dix… volez-le ! Dans le premier des cas, c’est un bonheur à dix-sept euros.

Claude Chanaud 
(28/11/09)    



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Editions Anne Carrière

220 pages - 17 €