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La première se prénomme Saskia, elle garde les oies et n’a pas sa langue dans sa poche. Elle est même effrontée, impudique et dit des gros mots. C’est trop pour le jeune Vincent qui n’a que dix ans mais a déjà intégré la morale puritaine de son pasteur de père. Dans cette partie, nous sommes en été. La jeune fille a chaud, elle s’est dévêtue pour se rafraîchir dans la rivière. Vincent l’aperçoit et ne peut s’empêcher de l’observer. Il n’a jamais vu de femme nue. Mais il craint que Dieu ou sa famille ne le punissent. « Dieu va lui envoyer un éclair sur l’occiput. Si sa famille l’apprend, c’est pire, ils vont le vendre à un gitan, ou le faire rentrer dans l’armée. » En battant en retraite, il se prend les pieds dans les ronces, puis dégringole pour finir sur la donzelle. Il se blesse et Saskia lui confectionne un bandage autour de la tête. La deuxième femme se nomme Agostina et la scène se passe à Paris. C’est l’hiver 1887. Agostina est venue à Paris depuis son Ancône natal pour « faire le modèle ». D’abord pour Manet qu’elle n’aimait pas, puis Corot, puis un peintre orientaliste « faux-cul ». Maintenant elle tient un bar où Vincent vient boire de l’absinthe. Les connaisseurs ont reconnu Agostina Segatori et son café du Tambourin. Les murs du bar sont remplis des tableaux de Vincent. Van Gogh est pauvre, à peine habillé, ses souliers sont troués. Il en a peint beaucoup ces années-là. Il boit plus qu’il ne mange. On retrouve l’ambiance des tableaux de Toulouse Lautrec. Van Gogh rêve de l’Italie, il évoque Rubens qui s’y sentait si bien. Mais Agostina a connu la misère en Italie et ne veut pour rien au monde y retourner. Agostina l’appelle Van, comme Ludwig van Beethoven. La troisième femme s’appelle Gabrielle. Elle n’aura quasiment pas l’occasion de croiser Vincent et ce sera beaucoup trop tard. Mais comme Saskia et Agostina c’est une femme forte, au caractère bien trempé. Toutes ces femmes ont une forte personnalité qui tranche avec le portrait qui est fait de Vincent en enfant peureux, de Van Gogh en adulte rêveur, du suicidé qui souffre. Une lecture attentive permet de dénicher bien des tableaux qui se cachent dans ces belles descriptions où tous les sens sont convoqués. Mika Biermann est amoureux et connaisseur de la peinture et des peintres et aime le faire partager. Nadine Dutier |
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