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Daniel FOHR


Vies sauvages


Pour écrire ce roman, Daniel Fohr s’est documenté auprès d’experts sur les espèces dont il fait les héros du parc animalier. Non seulement il connaît très bien les us et coutumes, le caractère, la morphologie de ces animaux mais il va jusqu’à entrer dans leur peau pour mieux traduire leur démarche, leur sensation, la vie qui les habite. Certaines scènes sont incroyables de véracité et d’humour. Ainsi la guerre de succession chez les babouins, leurs intrigues, les tentatives de corruption. Ou encore le combat entre un puma et une musaraigne qui contre toute logique gagne à tous les coups. Et que dire des poses langoureuses de la femelle orang-outang qui se recoiffe avec ses longs doigts de cuir noir ?

L’animal vedette du Parc est un lion de l’Atlas de très grande taille et dont la crinière noire lui descend jusqu’au nombril. C’est dans l’enceinte occupée par ce lion que le vieux guichetier a choisi de descendre. Le même jour, un yak en transit habitué à l’altitude de ses montagnes d’origine et à des températures glaciales, souffre de la canicule et nécessite des soins spéciaux. C’est également ce jour qu’une activiste a choisi pour ouvrir la porte de la cage aux serpents, dont certains ont un venin mortel. On assistera aussi à l’envol d’un couple de marabouts. Le personnel de ce parc en émoi parviendra-t-il à gérer toutes ces crises ?

Chaque animal et chaque humain a une histoire, une épaisseur, un vécu, un secret qui dicte sa conduite et le rend attachant.
Ainsi, celui qu’on appelle le Vieux a passé une grande partie de sa vie dans un musée de peinture flamande et italienne comme guichetier. Il a pu s’initier à l’histoire de l’art. Si bien que les peintres et leurs tableaux lui sont tellement familiers qu’ils entrent dans son quotidien. Le lion sur son rocher lui évoque un dessin de Rembrandt, un visage aperçu, un Christ du Greco. La soigneuse en chef trouve son courage dans une culpabilité qu’elle porte en elle et que le lecteur ne découvrira qu’à la fin.

Le livre est drôle, jamais lourd même quand il est cynique et piquant.
« Dans un bon parc, un lion pouvait gagner dix à quinze ans d’espérance de vie supplémentaire, à l’inverse d’un humain en résidence médicalisée. »
« Bien que généralement harmonieuses, les familles babouins, comme les familles mafieuses, nourrissent en leur sein un certain nombre d’individus sans états d’âme, dès lors que le pouvoir semble à leur portée. »
« Le babouin possède des cris différents, pour avertir de la présence d’un léopard au sol ou d’un serpent sur une branche, quand l’humain ne dispose que du mot Attention, pour prévenir d’un danger, qu’il s’agisse d’une mine antipersonnel, d’une voiture qui vient en face ou d’un piano qui tombe du troisième, ce qui rend l’avertissement bien imprécis pour parer à temps à la situation. »
« La femelle s’appelait Acanit, un prénom ougandais qui signifie temps difficiles et qui n’était pas plus lourd à porter que Dolorès, Soledad ou Prudence. »

Nadine Dutier 
(09/09/24)    



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Lectures






Daniel  FOHR, Vies sauvages
Inculte

(Août 2024)
256 pages – 22 €








Daniel Fohr,
enseignant et rédacteur, se consacre depuis quelques années exclusivement à l’écriture. Vies sauvages est son septième roman.