Dans ce sixième volume de la série, les auteurs placent la police danoise dans une situation bien inconfortable. En effet, les victimes de plusieurs enlèvements ou assassinats sont des enfants ou des proches de policiers. Qui peut en vouloir autant à la police et pourquoi ? Le champ des recherches est large…
La première victime est une fillette de quatre ans, petite-fille du directeur adjoint de la police nationale, enlevée dans un jardin d’enfants en lisière d’une forêt.

L’enquête est confiée à Konrad Simonsen, chef de la police criminelle et à son équipe, héros récurrents de cette série commencée en 2010 et dont six volumes ont déjà été traduits chez Actes Sud.
Outre Konrad, 62 ans, on retrouve son épouse, Nathalie von Rosen, surnommée la Comtesse ; leur fille, Anna Mia, enquêtrice elle aussi ; Arne Pedersen et Klavs Arnold, les deux inspecteurs adjoints ; et Anica Busch, très efficace mais qui ne s’est pas montrée très loyale dans une enquête précédente. Konrad a décidé de lui donner une nouvelle chance et personne ne se permet de discuter ses ordres même si l’accueil qu’ils réservent à la jeune femme est glacial.

En alternance avec l’avancée de l’enquête, certains chapitres nous permettent de suivre de mystérieux personnages qui se livrent à un étrange espionnage. Qui observe qui et pourquoi ?

On assiste aussi à un joyeux anniversaire qu’un homme a organisé pour sa fille. Mais quand un ami frappe à la porte, on comprend qu’il est seul dans la pièce.
«  – Tu crois que je ne sais pas qu’il n’y a pas d’enfants ?
– Si, bien sûr que tu le sais.
– Je n’ai plus d’enfants, ma fille est morte. Ces enfoirés l’ont tuée. Elle aurait eu huit ans aujourd’hui.
– Non, elle aurait eu onze ans à Noël et c’est la troisième fois cette année que tu fêtes son anniversaire. »
Ces "enfoirés" sont-ils des policiers ? Est-ce cet homme qui se venge de la mort de sa fille ? C’est une piste. Nous ne sommes encore qu’au tout début du roman, il y en aura d’autres…

Après Ida, la fillette de quatre ans, ce sont deux adolescents, Hélène et Bendix, qui sont enlevés. Hélène est la fille d’un policier et un sort très particulier lui est réservé et mis en ligne sur internet.
« Helene Boyle se tenait bien droit, les bras collés le long du corps. Elle se trouvait dans un caisson en verre qui était juste assez grand pour qu'elle puisse s'y tenir debout. Les côtés du caisson dépassaient d'une bonne vingtaine de centimètres au-dessus de sa tête et elle avait de l'eau pratiquement jusqu'aux chevilles. Elle était en petite culotte et soutien-gorge et grelottait, […] Quelques secondes plus tard, l’image fut remplacée par la photo d’une rue dans laquelle se trouvaient des véhicules. Une flèche rouge pointa une voiture de patrouille. Puis un texte s'afficha : "À 11h19, une putain de voiture de police circulait dans Godthåbsvej, à Copenhague." Alors, Helene Boyle réapparut, dans son caisson en verre, tandis qu'un puissant jet s'abattait sur son crâne et ruisselait le long de son corps. La jeune fille poussa un cri strident. Dans le fond du caisson, le niveau de l'eau monta de quelques centimètres. […] D'une voix abattue, la jeune fille déclara : "S'il n'y a aucune putain de voiture de police dans Copenhague, je rentrerai chez moi demain après-midi."
Les policiers, et plus largement tous les internautes, assistent ainsi au supplice de la jeune fille qui reçoit de l’eau glacée tandis que le niveau monte inexorablement dans le caisson à chaque fois que le kidnappeur repère une voiture de police dans une rue, sans doute grâce au piratage du réseau des caméras de surveillance de la ville.

Comment les policiers peuvent-ils réagir à ces attaques qui mettent en danger leurs enfants ? Chacun ressent la peur qu’un de ses proches soit la prochaine victime. Des gens susceptibles de détester à ce point la police, ce n’est sans doute pas ce qui manque, mais pourquoi s’en prendre aux enfants ?  Qui est derrière tout ça ? Est-ce une personne seule ou un groupe organisé ?

C’est à l’équipe de Konrad de mener cette difficile enquête et les auteurs maintiennent le suspense avec beaucoup de talent. Les chapitres alternés avec différents personnages mystérieux apportent des informations dont les policiers ne disposent pas. Et comme dans chaque volume de la série, on découvre un peu plus les membres de cette équipe de police criminelle danoise et les rapports souvent orageux qui existent entre eux.
On comprend le succès international que connaît ce duo d’auteurs frère/sœur. À suivre…

Serge Cabrol 
(19/08/24)