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Andrew ERVIN

L’incendie de la maison de Georges Orwell


Qui a pu oublier 1984 et son célèbre « Big brother is watching you » ? En ces temps où les pouvoirs de toutes sortes narguent les édifices acquis, il semble même que le roman et la devise soient pleinement d’actualité. Ce fut sans doute ce qui motiva Andrew Erwin à s’engager dans L’incendie de la maison de Georges Orwell, son premier roman. Son personnage principal, Ray Welter, l’exprime d’ailleurs clairement : « À Chigaco, dit-il, j’avais le sentiment que Big Brother était devenu réel et que si je ne m’éloignais pas j’allais devenir dingue. »

Ray s’éloigne donc. Et il le fait en allant s’installer dans la maison même où Georges Orwell a écrit 1984. La maison se trouve sur l’île de Jura, en Écosse. La pluie s’y impose en maître, le whisky s’y fabrique en une quantité qui satisfait à peine les gosiers des autochtones et les moutons y sont plus nombreux que lesdits autochtones. Ceux-ci n’apprécient pas pour autant de voir leur île se peupler d’étrangers si bien que Ray devra subir de solides épreuves avant d’y être admis ; admis à moitié, pour des raisons louables ou moins louables que le lecteur découvrira en se plongeant dans la lecture du roman. Disons seulement que le départ de Ray soldera son voyage.

Mais pourquoi était-il venu là ? Pourquoi un jeune et brillant publiciste de Chicago avait-il fait le choix d’aller s’enfermer dans une maison où, certes, la fantôme de Georges Orwell hantait généreusement les lieux, mais où le froid et l’humidité avaient gangréné les murs d’une farouche solitude ? C’est qu’au-delà de sentir Big Brother dans la ville, Ray avait été à l’origine d’une campagne publicitaire qui avait eu des conséquences destructrices sur les emplois et la planète. La prise de conscience avait été fatale pour Ray. Il devait tout quitter, payer de sa personne, « découvrir comment vivre une vie d’une façon qui n’affecte pas défavorablement les autres. »

À Jura, suivant comme il le peut les pas de Georges Orwell – ou plutôt d’Éric Arthur Blair, vrai nom de l’auteur de 1984 – il s’y emploie. Mais l’île de Jura est-elle si différente du reste du monde ? Peut-on échapper au réel ou à sa réalité ? Telles sont les questions que pose judicieusement L’incendie de la maison de Georges Orwell. Ray y répondra. Les quelques habitants devenus ses amis y répondront aussi. Le lecteur, lui, se surprendra à revisiter quelques instant ses chimères ou sa vie.

S’il pleut comme à Jura au moment de sa lecture, il pourra même imaginer l’ombre de Georges Orwell derrière le rideau de pluie. Ombre inquiète. Ombre qui rappelle que les incendies s’allument à partir d’une simple braise.

Isabelle Rossignol 
(20/04/16)    



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Joëlle Losfeld

(Janvier 2016)
248 pages - 22 €


Traduit de l'américain par Marc Weitzmann







Andrew Ervin
est né en 1971
en Pennsylvanie.
L’incendie de la maison de Georges Orwell est son premier roman.