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Louis ATANGANA


Billie H.



On est en 1924, à Baltimore. Eleanora n'aime pas l'école. Elle est grande et belle pour ses dix ans, mais c'est un garçon manqué. Elle aime la bagarre. Sa mère, avec qui elle vit seule, écrasée de fatigue quand elle rentre de son travail, boniche chez les Blancs puis boniche à l'hôpital, boit, et n'a ni le temps ni la force de s'occuper d'elle. Sa grand-mère qui a été esclave en Virginie, dans les champs de coton, est la seule qui lui procure de la tendresse, mais elle meurt dans les bras de la fillette. Alors Eleanora se met à faire l'école buissonnière, rêve de retrouver son père, un musicien célèbre dans le milieu montant du jazz, qui les a abandonnées, elle et sa mère, quand il est revenu d'Europe où il a participé à la Grande Guerre.

Dans la rue, elle rencontre deux compagnons d'infortune. Grâce à Eliot et Walter, Eleanora découvrit le sel et l'insolence de vivre librement dans la rue. Le sirop de la rue l'envoûte. Elle y découvre avec passion la foule qui semble emportée par les mêmes rythmes, des mélodies drainant avec elles des histoires immenses puisées au plus profond de l'humanité, le cinéma, les cabarets. Mais c'est surtout la musique – le blues, le jazz – qui la fascine. Puis Walter est arrêté, jeté en prison. Elle, victime d'un viol, condamnée à la maison de redressement. La négraille, la racaille devait bien se tenir. Fallait agir fermement.

A New York où elle rejoint sa mère, c'est la descente en enfer, la prostitution. Tout en cherchant à retrouver son père, elle va finir par faire entendre sa voix, quelque chose d'indéfinissable, doux comme du velours, frais comme des premiers matins de printemps.

Dix-neuf petits chapitres qui nous immergent complètement dans l'atmosphère où a grandi la chanteuse. Sans fioritures, sans pleurnicheries mais avec retenue et poésie, on assiste à la naissance de Billie Holiday et quand on referme le livre on n'a qu'une envie : l'écouter chanter.

Benny Goodman était dans un coin du studio. Il en r'venait pas. Cette gosse avait à peine dix-huit ans. Elle chantait avec la maturité d'une femme de trente ans. Sa voix avait vécu et connu la douleur, l'amour, l'espoir, la déception. Une voix dans laquelle vibraient l'épaisseur et la complexité de la vie. Sans illusions. Sans amertume, non plus.

Sylvie Lansade 
(14/04/14)    



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Jeunesse








Éditions du Rouergue

Collection doAdo
(Mars 2014)
128 pages - 10 €

À partir de 13 ans






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