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De livre en livre, Philippe Besson, nous rapproche de sa petite musique, celle qui parfois nous fait penser à Marguerite Duras… celle qu’il a en lui, sourdine mélodieuse. Deux êtres vont se rencontrer qui ont en commun un « disparu ». Et immédiatement arrive droit sur nous cette subtilité puissante. (L’oxymore me vient à la lecture des romans de Philippe Besson!) Viennent les présentations. Hélène lui apprend que son mari est mort lors du tremblement de terre de San Francisco, quelques mois plus tôt. Mathieu, lui, a été abandonné par son compagnon. « Nous avons vécu cinq années ensemble ; cinq années en pointillé, puisque j’étais à Paris le plus souvent et lui, ici. […] Je me suis toujours méfié des couples, des gens qui ne se quittent jamais, qui font tout ensemble. Et c’était bien, ce semblant de liberté. […] Et on se manquait, on se le disait, ça aiguisait le désir, vous comprenez ? Mais l’éloignement a fini par avoir raison de nous. » Au fil des jours s’installe un dialogue qui va, se précisant, s’approfondir et la distance polie devient alors délicatesse. Progressivement ce jeune homme et cette femme vont livrer leurs faiblesses, leurs doutes, avec cette pudeur qui révèlera l’essentiel. Lorsque Mathieu propose à Hélène de marcher dans cette ville qu’il connaît bien, elle accepte sa compagnie. Comme cette ville qui s’accorde si bien avec la mélancolie… Elle observe. Ils parlent de la manière qu’ils ont, chacun, de faire face à leur souffrance ou seulement d’essayer de la supporter. Hélène s’est réfugiée dans cet hôtel, cherche le calme, et se concentre sur l’absence, le manque. Attend. Alors que Mathieu plonge chaque nuit dans une sorte frénésie de rencontres, de plaisirs immédiats, puisque Lisbonne les lui offre. Il ne trouvera pas ce qu’il cherche, il en est convaincu, mais l’épuisement de ses sens devrait l’aider. Hélène va tenter de se retourner sur ce qu’elle vient de vivre. Expliquer à Mathieu : « Les eaux en colère n’ont pas emporté sa carcasse comme elles l’ont fait pour son mari, mis elle est persuadée d’avoir fait, elle aussi l’expérience de l’engloutissement. On n’a pas forcément besoin d’eau pour se noyer. » La compagnie discrète de ce jeune homme, qui pense que sa douleur à lui n’est pas comparable, puisque Diego, n’est pas mort, mais « seulement parti », lui devient nécessaire. Leurs conversations, comme leurs promenades dans Lisbonne vont les amener à s’éclairer l’un l’autre. Leur sensibilité s’est montrée perméable. Arriveront-ils à poser quelques jalons internes pour l’avenir ? Alors il y a Lisbonne, il y a les rues, la nuit et le sexe, le jour et la chaleur, la douleur et puis l’espoir… Anne-Marie Boisson (09/02/16) |
Sommaire Lectures Julliard (Janvier 2016) 198 pages - 18 € (Novembre 2022) 168 pages - 6,80 €
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