Celle qui affirme ne pas vouloir finir sa vie « dans le formol », pour laquelle « chaque journée qui s’achève est un soulagement et une victoire »,  installe progressivement un vide de sécurité avec ses amis puis ses collègues : « Demain j'arrête la cantine. La vie est trop ennuyeuse pour supporter en plus le bavardage pessimiste d'un père de famille aigri. »

Pour se rendre au travail depuis qu'elle a banni le bus de son quotidien, elle redécouvre par la marche son corps et celui de la ville qu'elle avait fini par oublier.
En vidant son appartement de la plupart des objets et meubles qui mangeaient son espace elle espère retrouver un état naturel qui la rapproche de la lumière et du sens.  
Et elle fait tout cela avec une intransigeance, une obstination, une violence qui traduisent l'urgence que revêt pour elle cette quête aussi mystique que désespérée de l'essentiel.
Aux abords de ce chemin de renoncement, la solitude et la folie la guettent. « Le sens ultime de l'univers ne se donne pas si facilement. »

Une errance aux frontières du désespoir et du délire, qu'une légèreté inattendue dans les propos, non sans humour mais toujours sobres et pudiques, vient équilibrer au fil du rasoir.

Une plongée dans un texte étrange, intense, ambigu, lancinant et fascinant, écrit avec une belle musicalité au service d'une émotion toujours présente, qui mérite la découverte.

Dominique Baillon-Lalande 
(12/11/15)