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David LEFÈVRE

Solitudes australes
Chronique de la cabane retrouvée




"Il est des lieux où l'on arrive comme dans un songe retrouvé" et des livres, comme celui-ci, que l'on porte déjà, confusément. Ce n'est plus seulement une lecture, mais des retrouvailles, une lumineuse évidence.

David Lefèvre nous raconte mois par mois, pendant sept mois, sept chapitres, son retour sur l'île Chiloé, au Chili, et sa vie dans une maison de bois prêtée par un ami. Il nous fait part de son installation, de "l'expérimentation de l'heureuse austérité", du plaisir des gestes quotidiens qui assurent sa survie : pêcher, cultiver la terre, consolider la cabane, et le bonheur de n'y trouver aucune routine. Le monde redevient beau et vivable. "Cet endroit balaie les inutilités." Naufragé volontaire, ce Robinson est heureux sur l'île qu'il s'est choisie.

Chaque soir, à la lueur d'un feu de bois "souffle de vie" le narrateur consigne le dur labeur de ses journées qui le transforme à la fois en paysan, pêcheur, charpentier, explorateur, et philosophe. Paradoxalement, cette chronique, alors que son auteur s'est extrait de notre monde qu'il juge consumériste et destructeur, chante plus qu'elle ne déchante parce qu'elle ressemble à un cadeau, rare et précieux, comme les très belles photos du milieu du livre. David Lefèvre nous offre les magnificences et les plaisirs de sa nouvelle vie : le lac, les montagnes, la luxuriance de la forêt et le bonheur, la jubilation, de la frugalité, de sa vie autarcique : à la fois laborieuse et contemplative.

Il y a de nos rêves d'enfant dans cette cabane sur pilotis du bout du monde. Le sous-titre de cet essai, Chronique de la cabane retrouvée, nous fait penser à ce coin secret, connu de nous seul et de quelques initiés : refuge en haut d'un arbre, au fond du jardin ou perdu au creux d'une vallée inaccessible, où chaque instant devient une aventure, chaque geste authentique, chaque matin le premier matin du monde, parce que dépouillé du superflu on a une sensation aiguë d'exister.

Cette chronique est une longue réflexion sur le bonheur de vivre en osmose avec un milieu naturel en le respectant le plus possible, car "retrouver la nature et le sens de la terre, c'est retrouver la dignité." Sans illusion sur notre monde, – "Vouloir préserver la nature a soudain tout d'un geste dérisoire. Nos sociétés sont des entreprises de démolition." – le narrateur (s') explique que s'il est parti, c'est qu'à défaut de changer le monde, il en a changé pour, simplement, vivre.

Sylvie Lansade 
(30/01/13)    



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Transboréal

(Novembre 2012)
184 pages – 18,90 €





David Lefèvre,
né en 1973,
est un grand voyageur.


Lire sa bio-bibliographie
sur le site de l'éditeur.