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Mercedes DEAMBROSIS


Le dernier des treize




Ils sont treize, ils ont la cinquantaine, ils se connaissent depuis l'adolescence et ils se retrouvent dans un cimetière. Mais Françoise, l'une des treize, est dans le cercueil et il s'agit de son enterrement. Dorothée, dont le cerveau est particulièrement perméable à tout ce qui est paranormal, fait remarquer qu'on est vendredi 13 et que ce n'est certainement pas un hasard. Mais personne ne l'écoute…
Treize jours plus tard, c'est Charles qu'ils enterrent. Encore un hasard ?

Le narrateur ne peut s'empêcher de repenser à ce pacte passé à l'adolescence.
Le pacte des treize. Quinze ans, frustrés, politisés à mort, apprenant à faire des cocktails Molotov, rêvant d'adhérer à la LCR, d'en découdre avec les CRS et tous les fafs qui se présenteraient. La révolution ou la mort. René nous avait garanti la mort contre 200 francs chacun, une fortune, qui seraient versés à un tueur qui le jour venu - celui de notre hypothétique trahison - nous collerait une balle dans la tête.

Qu'a-t-il vraiment fait de leur argent ? C'est si loin tout ça… René le prend de haut et refuse de répondre à ce genre de question.

La série des décès continue et un policier est chargé d'enquêter sur cette étrange histoire. Pas n'importe quel policier ! Louis-Édouard Dudeuil, fils de préfet, un homme de taille moyenne, fin, racé, à la peau rasée de près, aux traits réguliers, de belles proportions avec un front raisonnablement dégarni. Élégant, très élégant. De longues mains. Une chevalière en or à la gravure semi-effacée et un mince anneau en or se juxtaposent à l'annulaire. Vêtu d'un costume milleraies sur mesure et d'une chemise Oxford à petits carreaux avec une cravate en lainage bordeaux. Ses chaussures sur mesure elles aussi, viennent de chez Smith and Benson, chausseur de la Cour, et la peau retournée rappelle par sa tonalité lie de vin la cravate, les boutons de manchette et le thème principal du tissage du trois pièces.

Les relations de l'inspecteur avec ses collègues ne sont pas toujours au beau fixe et notamment avec son adjoint. Vulgaire, inculte, passant de l'aboiement au ricanement, Stéphane Guémard était la caricature du mauvais flic. Une torture constante pour Louis-Édouard Dudeuil, qui, plus d'une fois, craignit que les poings convulsivement serrés de l'énergumène ne se retournent contre lui. Un attelage plutôt mal apparié.
Mais les relations du policier ne sont pas excellentes non plus avec les survivants de la bande des treize qui ne cessent de se demander qui sera le prochain et si le serial killer ne serait pas l'un d'entre eux… Les attitudes de Louis-Édouard Dudeuil, ses réponses et sa façon de mener l'enquête ne les rassurent pas. Ses compétences n'apparaissent pas franchement convaincantes.

Par contre, l'inspecteur manifeste beaucoup d'intérêt pour Céline Kraminski, l'une des dirigeantes de l'entreprise de surveillance informatique où travaillent presque tous les membres de la bande des treize. Elle est pourtant d'une froideur redoutable et semble peu encline aux sentiments.
– Ce sont des ratés, avait-elle dit sans bouger un seul muscle de ses lèvres. Ils coûtent fort cher à l'entreprise, de par leur ancienneté !
[…]
– Au fond, cette série de décès inopinés est la bienvenue, glissa-t-il.
Elle s'anima.
– Vous ne croyez pas si bien dire. Nous, l'équipe des
high managers, avons des retours très positifs sur la question de la part de la Direction. Pyramide des âges et courbe des rémunérations, nous sommes gagnants sur tous les tableaux.

Les pistes ne manquent pas et la liste des décès s'allonge tous les treize jours…

Mercedes Deambrosis propose là un suspense intéressant, avec une jolie galerie de personnages bien campés, très différents les uns des autres, et notamment un enquêteur très atypique, régulièrement humilié par son père, le préfet, qui le considère comme un raté mais soutenu (y compris financièrement) par sa mère, l'exaspérante mamipou, en admiration devant l'intelligence et la délicatesse de son fils unique.

Le titre de ce roman, Le dernier des treize, est à double sens puisqu'il marque aussi la fin de Vendredi 13, une série de polars qu'on a beaucoup appréciée. Un grand bravo à Patrick Raynal, ancien directeur de la Série Noire et responsable de cette collection aux éditions La Branche, pour la qualité de ses choix.

Serge Cabrol 
(25/03/13)    



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Noir & polar










Editions La Branche
Vendredi 13
288 pages - 15 €







Mercedes deambrosis,
née à Madrid en 1955, nouvelliste et romancière, signe ici son dixième livre.


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