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Caryl FÉREY

Condor


Après la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud ou l’Argentine, l’auteur nous emmène au Chili où le présent reste hanté par la violence de la dictature qui, en 1973, a écrasé la démocratie instituée par Salvador Allende et fait régner la terreur dans le pays pendant plus de quinze ans, emprisonnant, torturant, assassinant des milliers de personnes. Le titre fait référence à l’opération Condor, menée par les services secrets de plusieurs pays d’Amérique latine pour assassiner les dissidents politiques (et leurs proches) sur leur sol mais aussi jusqu’en Europe ou aux États-Unis.
Aujourd’hui, le temps a passé. Les notables se sont enrichis, les pauvres sont encore plus pauvres et vivent dans des « poblaciones » abandonnées par les services publics.
C’est dans un de ces quartiers pauvres de Santiago que se noue une partie de l’intrigue du roman avant de nous entraîner plus au nord, dans le désert de l’Atacama…

Deux personnages d’origines bien différentes vont se rencontrer au début du roman et nous accompagner jusqu’aux dernières pages.
Gabriela est une jeune vidéaste d’origine mapuche, ce peuple « indien » qui a résisté à toutes les agressions depuis les Incas et les conquistadors jusqu’à aujourd’hui.
Esteban est un avocat qui préfère défendre les causes perdues et n’attend pas grand-chose de la vie. Issu d’une famille riche, il rejette les valeurs de son milieu et semble passer le plus clair de son temps à boire et fréquenter les boîtes de nuit. En réalité, il a un jardin secret, une maison éloignée de la ville où il écrit un roman…

Gabriella aide Stefano, un projectionniste, à offrir des films de qualité aux habitants de la « población » de La Victoria. Mais ce jour-là, l’atmosphère est électrique aux abords du quartier. En quelques jours, quatre adolescents ont trouvé la mort, apparemment suite à des overdoses. Aujourd’hui c’est le corps d’Enrique qui a été retrouvé. Enrique, 15 ans, est le fils d’un ami de Gabriela, Cristian, animateur d’une petite télévision locale. Enrique était un garçon sain et sérieux qui ne se droguait pas. Comment a-t-il pu mourir d’une overdose. Gabriela dispose d’une petite caméra, cachée dans son sac, qui lui permet de filmer en toute discrétion. Elle filme la colère des habitants au moment de la découverte du corps d’Enrique et l’intervention de la police.
Sur les conseils d’une amie, elle contacte Esteban Roz-Tagle, pour qu’il aide les familles à porter plainte et se constituer parties civiles.
L’avocat accepte la proposition de Gabriela sans savoir jusqu’où cette histoire va l’entraîner.

Son associé, Edwards, va se charger, involontairement, de le plonger dans une autre affaire tout aussi dangereuse avec d’anciens assassins proches de Pinochet aujourd’hui recyclés dans des trafics aussi mystérieux que lucratifs. Ce sera l’occasion de nous emmener dans le désert de l’Atacama où rien ne pousse mais dont le sous-sol attise des convoitises…

Un polar riche en aventures et en émotions, aux personnages très attachants, qui présente avec intelligence au fil du récit (sans notes en bas de page) la situation économique et politique du pays, son histoire ancienne et récente, les miasmes de la dictature dont le pays peine à se débarrasser… La violence des situations alterne avec la fascinante beauté des lieux et la force des sentiments, la fidélité en amitié et la chaleur de l’amour. Un roman puissant et  passionnant qui nous embarque dès les premières pages et qu’on ne peut pas lâcher avant la dernière.

Serge Cabrol 
(25/04/16)    



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Noir & polar







Gallimard / Série Noire

(Mars 2016)
416 pages - 19,50 €







Caryl Férey,

né à Caen en 1967, a beaucoup voyagé et publié une vingtaine de livres.



Bio-bibliographie
sur le site de l'auteur :
www.carylferey.com





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