Retour à l'accueil du site | ||||||||
Helen, la narratrice, revient sur l'été 1945, une période très particulière de sa vie, l'été de ses onze ans, qui a bouleversé son existence. La première personne permet d'être dans l'intensité du ressenti de la fillette mais avec l'expression et la réflexion de l'écrivain adulte. L'auteur trouve ainsi un ton très juste pour un roman très fort sur l'enfance, sur le fil du rasoir qui sépare l'innocence de la cruauté. Helen a perdu sa mère à l'âge de trois ans et, plus récemment, Nonie, sa grand-mère paternelle, qui occupait une place essentielle dans sa vie. Helen vit donc seule avec son père, le proviseur du lycée, qui chaque été doit quitter sa région pour se rendre à Oak Ridge et participer à une mission secrète liée à l'effort de guerre. Les années précédentes, Nonie, la grand-mère, gardait Helen mais cette année, comment faire ? Pas question de laisser la fillette seule dans cette maison isolée en haut d'une colline. Le père fait donc appel à une cousine de son épouse décédée, Flora, qui a maintenant vingt-deux ans et veut devenir enseignante. C'est la relation entre Helen et Flora qui est au cur de ce bouleversant
roman. Le cadre de cette bouleversante histoire est une maison isolée, la dernière
au bout d'une route creusée d'ornières, en haut d'une colline.
Une maison d'accès difficile dont le huis clos est renforcé par
la peur de la polio. Deux enfants ont été atteints par cette maladie
en allant se baigner dans le lac et le père d'Helen, qui en a lui-même
été victime dans son adolescence, décrète une quarantaine
et interdit à sa fille toute sortie et tout contact avec l'extérieur.
Mais il faut bien se nourrir et dans cette maison loin de tout, avec l'interdiction
de sortir, un troisième personnage va venir égayer et troubler
l'atmosphère. C'est Finn, le livreur du Grove Market, qui apporte les
courses avec sa moto. Flora l'invite à dîner et une relation faite
de curiosité, de plaisir et de jalousie s'installe entre les membres
du trio. Finn n'est pas insensible au charme de Flora, ce qu'Helen a du mal
à comprendre. Au bout de quelque temps, la fillette n'hésite pas
à mettre les points sur les i en bavardant avec Finn. Gail Godwin entretient un suspense, une attente, une tension, en décrivant peu à peu les relations qui se mettent en place, tout en évoquant dès les premières lignes des événements irrémédiables, des actes déplorables et des remords. Flora est de ces romans qu'on prend plaisir à lire et relire. La première lecture est troublée par l'inquiétude de savoir si l'auteur pourra conserver cette tonalité jusqu'à la fin du livre, par l'impatience de connaître le dénouement de ce huis clos, par la curiosité de savoir ce qu'est cette activité de guerre du père si importante qu'il quitte sa fille et sa région pour aller y consacrer son été. Une fois toutes ces réponses obtenues, la deuxième lecture est un bonheur absolu, libérée de toute attente sur la suite et entièrement vouée à l'admiration de l'écriture et de la finesse d'observation de l'auteur. Un grand roman pour lequel on peut aussi remercier l'éditrice qui nous offre cette traduction en français d'un auteur encensé par les médias américains et dont Flora est le quatorzième roman. Serge Cabrol (15/05/14) |
Sommaire Lectures Joëlle Losfeld (Avril 2014) 275 pages - 22,50 € Traduction de l'anglais (États-Unis) Laetitia Devaux
Visiter le site de l'auteur (en anglais) www.gailgodwin.com |
||||||