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Brigitte GUILHOT

Soluble


Étrange sensation que cette folie qui nous étreint et nous enferme comme Rita, le personnage principal de Soluble, enfermée dans sa maison bloquée par la neige. Elgato, le chat, sera le témoin de ce moment particulier qu’il est obligé de vivre avec sa maitresse. On vit de l’intérieur la perte des repères où se mêlent réalité et divagations. La frontière se dilue dans la douleur qu’éprouve Rita face à la mort de son ancien amant qui l’avait quittée. Astérion était poète et elle apprend la nouvelle par la radio. Ils se sont aimés passionnément, Astérion a aussi connu l’enfermement de la prison et Rita allait le voir au parloir. Le passé, le corps, le désamour sont-ils des prisons dont on a du mal à s’évader pour vivre sa vie avec de nouveaux espoirs ? Comment ne pas sombrer et tourner en rond avec ses idées noires ?

Rita écrit à l’enfant de sa fille, nommé Enfant au long du récit, pour lui décrire ce qu’a vécu sa grand-mère et lui permettre de mieux vivre la détresse de la perte d’un amour : « Je ne devrais pas te confier cela, Enfant, mais parler du Secret en tournant autour n'aurait pas de sens. De plus, je vais prendre mes dispositions pour que tu aies depuis longtemps dépassé l'âge de raison lorsque ces pages tomberont entre tes mains. Astérion faisait l'amour comme un taulard. C'est-à-dire qu'il ne le faisait pas. Ce n'était pas un règlement de compte, c'était une mise en abîme. Comme une formalité nécessaire. Deux sexes mis en présence avec obligation de se faire jouir, sans prendre le temps de se donner une chance de le faire bien. »

C’est donc aussi un roman sur la transmission : « Les grands-parents sont une énigme que nous cherchons à élucider, en vain. J'ai scruté souvent, sur des photos jaunies, les regards de bienveillance et de feu de mes grands-mères, l'énergie généreuse et intraitable de mes grands-pères, tous capturés et enfermés au fond de malles et de tiroirs poussiéreux, pour tenter d'attraper ce mystère d'amour ou de cruauté qu'ils m'avaient transmis et dont je savais être détentrice sans pour autant pouvoir en récolter les fruits lourds de sucre ou de venin accrochés à l'arbre de leurs vies. Quelles passions renfermaient leurs mémoires Quels rêves et quelles histoires ? Quelles confessions inavouables ? Je ne l'ai jamais su. Au-delà des souvenirs convenus, aucun secret n'a jamais affleuré. »

L’écriture de Brigitte Guilhot relate bien la folie, la déliquescence de la pensée. Un roman étonnant qui révèle sa force au fil du récit.

Brigitte Aubonnet 
(11/03/15)    



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L'ours blanc

120 pages - 9 €













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