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C’est un étrange parcours que retrace ici Gildard Guillaume, le parcours d’un homme ayant réellement existé mais dont on sait peu de choses, seulement les grandes lignes de son existence : capitaine de dragons en 1780, moine et abbé au début de la Révolution, hussard de la République pendant la guerre de Vendée, fantassin dans les armées de Napoléon jusqu’à la retraite de Russie et même à Waterloo. De quoi nourrir un beau roman avec de fortes réflexions sur l’amour, Dieu, la guerre et la mort… Auguste de Sallmard, comte de Montfort, est capitaine au régiment de Bourbon-Dragons et se définit lui-même comme libertin ; les premières pages nous le présentent d’emblée en galante compagnie. Bien rompu au métier des armes, il aime aussi la poésie (ce qui en séduira plus d’une et en surprendra plus d’un) et place avant tout le code de l’honneur, ce qui lui vaudra quelques inimitiés et provoquera indirectement les grands malheurs de sa vie. Foudroyé par la fin de sa grande histoire d’amour, le capitaine quitte l’armée et se retire dans une ferme isolée appartenant à sa famille depuis le XIIIe siècle. Après quatre mois de cette retraite campagnarde, un prêtre passant par là va changer le cours de sa vie. L’abbé André Monnier lui raconte l’histoire de l’abbaye de Sept-Fons où une communauté de moines cisterciens a transformé un marais en vignoble, verger et terres cultivables. Un travail titanesque accompli par des hommes déterminés et généreux. Le prêtre s’y rend, Auguste de Sallmard propose de l’accompagner. Il s’y trouvera si bien qu’il y restera. Entré comme novice, il en sera nommé abbé par Louis XVI en 1788. Cette nomination n’est pas du goût de dom Xavier de la Croix qui en briguait aussi l’honneur et les privilèges qui y sont attachés. Sallmard se fait alors un nouvel ennemi qui, comme Samuzac, saura un jour lui faire payer son humiliation. La vie de l’abbaye est sérieusement bouleversée par la Révolution et dom Xavier de la Croix trouve là de belles occasions de revanche. Une fois encore, Sallmard se retire dans la solitude d’une ferme. Mais le goût de l’action et le sens du devoir sauront le faire sortir de son terrier. Mais sa vie est loin d’être finie puisqu’il a vécu jusqu’en 1823, ce qui lui a laissé le temps de se retirer pour écrire son autobiographie après la Révolution puis de s’engager dans les armées napoléoniennes, de survivre (dans des conditions extrêmes) à la retraite de Russie et à Waterloo pour terminer son existence dans une mansarde du centre de Paris. Un parcours de courage et de bravoure, rendu chaotique par le chagrin et la culpabilité, un parcours dont l’auteur, à partir des grandes lignes connues des historiens, a rempli les vides par l’art de la fiction et donné vie à son personnage en respectant scrupuleusement la description des événements historiques et des conditions de vie à cette époque. Un travail d’historien et de romancier sans oublier la recherche des mécanismes qui peuvent expliquer les choix souvent extrêmes de ce personnage hors du commun. Un livre passionnant autour d’un homme complexe dans une période particulièrement troublée puisque, né et mort sous la monarchie, Auguste de Sallmard aura connu la Révolution et l’Empire. Une belle tranche de vie qui ravira les amateurs de romans historiques. Serge Cabrol (27/07/15) |
Sommaire Lectures Éditions Thadée (Mai 2015) 308 pages – 20 €
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