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Anne-Solen KERBRAT


Là où tout a commencé



Deux enquêteurs récurrents, une victime dès la première page et une dizaine de suspects potentiels. L’affaire est complexe. Il est beaucoup question de désir d’enfant, de stérilité, de couples homos ou hétéros, d’insémination artificielle, de gestation pour autrui… Mais comment être sûr que l’assassinat est lié à tout ça ? C’est ce que les deux policiers vont essayer de déterminer et on les accompagne dans leur travail de fourmis têtues tout en suivant en alternance, les réactions des autres protagonistes. Bien construit, bien écrit, ça fonctionne et on se laisse embarquer dans cette étrange histoire où les mobiles et les opportunités ne manquent à personne.

Les enquêteurs, c’est le commandant Jean-Louis Perrot, un homme plutôt élégant, séparé de sa femme, qui ne trouve pas toujours le temps de s’occuper de ses enfants, et le capitaine Hubert Lefèvre, plus jeune, célibataire endurci, toujours affamé. Au fil de l’enquête, dont les horaires sont élastiques, on le voit sans cesse grignoter des barres chocolatées en attendant le sandwich suivant. Ils forment une équipe solide et complémentaire. Ce roman est déjà le huitième de la série.
Ils travaillent sous les ordres du commissaire Law qui, bien que vivant depuis plus de vingt ans en France, a encore quelques difficultés avec les subtilités de la langue française dont se régale le jeune capitaine.
« – Parfait, conclut Law. Nous avons donc du pain sur la table...
– La planche, Patron, réplique aussitôt Lefèvre avec un sourire en coin.
– Comment ça, la planche ? On met bien le pain sur la table, n'est-ce pas ? fait Law en fronçant un sourcil d'incompréhension.
– Oui, mais on le coupe sur une planche, explique le capitaine.
– Ah... une planche à pain, donc.
– C'est ça, Patron, termine Lefèvre en ouvrant la porte, sauf que celles-là, ajoute-t-il avec un plaisir non dissimulé, elles n'ont pas grand-chose au balcon... et on n'aime pas trop les avoir dans son lit !
Laissant le commissaire se dépatouiller avec ces histoires de planche à pain, de balcon et de lit, Lefèvre sort en ricanant. »

La victime est une femme de trente ans, Tania, mariée à un chauffeur routier et mère de deux petites filles. Ce sont les filles qui l’ont trouvée allongée sur le sol de la cuisine en rentrant de l’école. On apprendra qu’elle avait été licenciée de son emploi depuis trois mois mais n’en avait rien dit à personne et faisait semblant tous les jours d’aller travailler… Etrange !

Autour, on va trouver une dizaine de personnes en relation avec elle pour des raisons diverses et qui pourraient bien être impliquées dans son assassinat.

Bruno et Stéphane, un couple homosexuel qui désire avoir un enfant et accepterait de se situer hors la loi pour créer une famille.
Annabelle, une jeune femme qui désire être enceinte et vit avec Damien qui, lui, a déjà une fille, Capucine, d’un premier mariage avec Karen, une ex rigide et possessive.
Vanessa, une collègue d’Annabelle qui aimerait bien se mêler des affaires de son amie.
Sans oublier les voisins des maisons qui entourent celle de la victime. La vieille curieuse à l’affût de tout ce qui se passe dans le quartier. Le célibataire endurci, peu aimable, qui pourrait bien cacher des choses pas reluisantes. La très gentille voisine qui héberge le mari et les filles de la victime en attendant que leur maison soit à nouveau habitable.

Voilà pas mal de monde à interroger et les deux enquêteurs ne vont pas chômer pour arriver à démêler l’écheveau compliqué des relations entre toutes ces personnes et ce qui les reliait à la victime au point de pouvoir désirer sa mort. On suit Perrot et Lefèvre avec plaisir et on avance à leur rythme dans cette ténébreuse affaire.

Serge Cabrol 
(25/07/16)    



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Noir & polar








Palémon

(Avril 2016)
368 pages - 10 €








Anne-Solen Kerbrat,
née en 1970 à Brest, a été professeur d’anglais avant de se consacrer à la traduction et à l’écriture. Son premier roman a été récompensé par le Prix du Goéland Masqué. Là où tout a commencé est son huitième roman.