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Jean-Claude LAMY & Philippe LORIN

Chez Brassens
Légende d’un poète éternel



Voilà un ouvrage de nature à réjouir les nostalgiques de Brassens et de tout ce qu’il représente dans la mémoire collective, le poète anarchiste, l’amoureux de la langue française, le « pornographe du phonographe » mais aussi l’ami fidèle et son cercle de copains. Dans un texte très documenté et plein d’anecdotes, Jean-Claude Lamy évoque le parcours de l’artiste de l’enfance à Sète dans les années 20 jusqu’au passage de la faucheuse en 1981, il y a déjà plus de trente ans... Philippe Lorin, en dessins et en aquarelles, nous offre une vaste galerie de portraits de tous ceux qui ont croisé sa route pour une raison ou une autre et ils sont nombreux.  Des aquarelles en  doubles pages montrent des paysages paisibles et lumineux. C’est un livre magnifique aussi agréable à lire qu’à feuilleter.

Dès les premières pages, par la plume et le dessin, nous rencontrons sa mère, issue d’une famille originaire du sud de l’Italie et son père, entrepreneur de maçonnerie, une famille unie où tout le monde chantait. Côté école, son passage à l’institut catholique Saint-Vincent et certaines punitions nourriront ses chansons anticléricales. Le collège sera plus formateur avec la rencontre de deux professeurs de lettres dont l’un lui fait découvrir la Fontaine et l’autre toute la poésie française au point de lui donner envie de devenir poète lui-même. Mais Villon n’a pas fait qu’écrire des poèmes... A 18 ans, Georges Brassens est mêlé à une histoire de vol de bijoux qui lui vaudra quinze jours de prison et une mauvaise réputation chez les commères de Sète. On est en 39, des soucis plus graves arrivent par l’Est, et le jeune poète décide de monter à Paris. Il y logera pendant trois ans chez sa tante Antoinette dont il rencontrera la couturière, Jeanne Le Bonniec, qui jouera un grand rôle dans sa vie. Mais la guerre se rappelle à son mauvais souvenir et il ne peut échapper au STO qui le conduit dans un camp de travail de la banlieue berlinoise. Il y rencontre, entre autres, Gibraltar, son futur secrétaire. Mais le désir de liberté est le plus fort et lorsqu’il obtient une permission de treize jours, il préfère disparaître de la circulation et se réfugie chez Jeanne (la couturière) et Marcel, impasse Florimond, où il restera... plus de vingt ans. C’est là que le poète deviendra vedette.

Jean-Claude Lamy nous montre Brassens écrivant pour le journal Le Libertaire puis rencontrant Patachou qui a ouvert un cabaret à Montmartre où le jeune chanteur fait ses débuts en 52. Ensuite les choses iront assez vite, de rencontre en rencontre, de succès en succès. Côté cœur, le grand amour, c’est Joha Heiman, rebaptisée Püppchen, rencontrée au début en cachette de Jeanne, puis beaucoup plus ouvertement... Il faudrait aussi évoquer René Fallet, Louis Nucera et bien d’autres encore, ils sont tous présents au fil de la centaine de portraits réalisés par Philippe Lorin, de même que les lieux où a vécu Brassens et les maisons qu’il a achetées dans les Yvelines ou en Bretagne.

Pour tout voir et tout savoir, le mieux est d’acheter ce livre dont chaque page est un régal et qui réserve ici et là quelques surprises comme l’affiche de Porte des Lilas, le film de René Clair où Brassens jouait avec Pierre Brasseur et Dany Carrel, ou le manuscrit de La non-demande en mariage. L’ouvrage est à la fois très beau et très émouvant, un voyage sur la planète Brassens où les juges doivent se méfier des gorilles et les gendarmes des ménagères de Brive-la-Gaillarde mais où l’amitié et la poésie font bon ménage avec l’humour et l’anarchie. Un ouvrage revigorant et salutaire. À ne pas manquer !

Serge Cabrol 
(21/10/15)    



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Éditions du Rocher

(Août 2015)
112 pages - 22,90 €