Seize nouvelles où on découvre successivement :
Un mort hilare
Des confidences de couple décalées (Mon homme),
Un homme doté d'une insensibilité congénitale à la douleur qui mène sa quête du calme suprême d'une façon sauvage et toute personnelle (Léon, jusqu'au-boutiste),
Une histoire animalière entre philosophie et poule au pot (Humanisme animal),
Une satire politique cynique et pleine d'échos où un président se rêve despote (Moi, président),
Une fable fort peu morale sur le mensonge (Mensonge et vérité),
Un coma animé d'un jeu verbal hilarant (Nom d'un pieu),
Un chien en ballade devenu héros d'un fait divers anti-terroriste (Victor),
Un homme abandonné par sa femme et dépressif et un chef d'entreprise qui a trouvé une solution magistrale pour dégraisser le mammouth (La faute à Madame Gisella),
Un employé malheureux qui se venge sur une compagne bien singulière (Célia),
L'étrange quatuor d'un VRP, de sa camionnette, de sa femme et d'un arbre (VRP),
Un fils haï dont la psychanalyse fera basculer la vie (Rira bien qui rira le dernier),
Un pétomane superstar (Serman Gebrowicz),
Un remake de la mort de JFK (Une balade en limousine),
Une histoire d'héritage très féline (Signor),
Un départ en queue de poisson (Plus belle la mort).
Voilà de quoi vous mettre l'eau à la bouche et donner envie de se précipiter dans ce recueil aussi drôle que cruel.
On connaît Louis Chedid pour ses chansons intimes ancrées dans les maux de son époque, il se révèle ici, à travers ces tranches de vie narrées en 4 à plus de 60 pages, grinçant et fantaisiste.
Portée par un regard amusé mais plein de chaleur et d'indulgence sur les failles et bassesses de l'être humain, épicée d' une bonne dose d'humour noir pour mettre du sable dans les rouages et d'une pincée d'absurdité et de Grand-Guignol, chaque nouvelle s'ouvre sur une petite « morale » énigmatique qui donne l'humeur du texte mais dont on ne saisira le sens qu'après le point final.
Dans ces histoires ancrées dans notre époque, qui démarrent dans le quotidien pour déraper au premier virage et se terminer dans le décor avec une chute en trois lignes, la causticité rattrape en contrepoint la tristesse et la gravité ambiante.
De façon jamais frontale, à travers de simples situations organisées en un véritable jeu de massacre, l'auteur se laisse aller à l'imagination la plus débridée, sans faire de concession au sens. Et, dans ces scènes de vie où la mort est souvent au rendez-vous, avec des personnages aux relations familiales troublées, aux situations sociales et professionnelles fragilisantes, de son écriture simple qui semble couler de source, il illustre la complexité des relations humaines, les failles et la vulnérabilité qui sont le lot de tous.
L'émotion est toujours présente derrière le masque de la comédie tragique et, au-delà de l'absurde et de la fantaisie, chaque nouvelle cache une réflexion qui mérite qu'on s'y arrête quelques instants.
Une belle découverte.
Dominique Baillon-Lalande
(15/03/16)