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Claude PUJADE-RENAUD

Dans l'ombre de la lumière



Elissa (en carthaginois, Didon) est une femme de l'ombre : carthaginoise, d'origine modeste, elle prête main-forte à sa sœur et son beau frère, potiers, rend régulièrement visite à Silvanus, ami handicapé, copieur de codex et fervent admirateur des Confessions d'Augustinus.

Elissa porte un secret douloureux : c'est elle qui fut la concubine et qui partagea, pendant quinze ans, la vie du jeune Augustinus, alors manichéen, étudiant brillant, tourmenté, passionnément amoureux, avant d'être répudiée, alors que le couple et leur fils avaient élu domicile à Milan…

Comment faire le deuil de cette union ? A quel moment s'amorce une séparation ? […] Durant toutes ces années carthaginoises, qu'est-ce qui travaillait sourdement en toi ?Et finirait par nous disjoindre sans que je l'aie pressenti. Ou si confusément. Lorsque tu râlais contre tes étudiants. Lorsque tu exprimais ton regret de ne pouvoir lire dans le texte d'origine les philosophes grecs. Ou l'Ancien Testament. Lorsque certaines de tes interrogations ne trouvaient pas de réponse auprès des sages manichéens – ou supposés sages ?

Autant d'interrogations sans réponse : Elissa, meurtrie, tente, par ses pensées qu'elle adresse sans cesse à son amant, de comprendre quelle fut sa vie pour apprivoiser sa douleur. Cependant, sans cesse, les souvenirs, les questions angoissées s'imposent à elle. Impossible d'oublier un tel homme surtout lorsqu'elle l'apercevra, des années après leur séparation, à Carthage : converti au catholicisme, père de l'église, intellectuel, Augustinus attire les foules de chrétiens à ses prêches.
Elissa a toujours vécu ainsi, dans l'ombre d'un homme qui cherchait la lumière de la grâce et de la gloire, ou dans la douleur de la disgrâce.

Ce roman ne peut se résumer à une simple leçon sur la vie quotidienne à Carthage au moment de la chute de l'empire romain au Vème siècle ; Claude Pujade-Renaud brosse le portrait d'une femme bouleversante qui fait entendre un murmure où s'entrelacent le passé et le présent, le quotidien et l'histoire, la passion et la solitude. La voix d'Elissa reste vaine mais pas pour le lecteur... Saint Augustin dans les Confessions mentionne brièvement cette femme ; Claude Pujade-Renaud offre à cette héroïne de l'ombre un roman dont la dernière page est magnifique, tout simplement.

Sylvie Legendre-Torcolacci 
(13/04/13)    


« Et c'est seulement après avoir achevé ce roman que j'ai compris combien certains traits de ma mère avaient nourri le personnage féminin de ce roman.
Le hasard m'a fait naître en Tunisie. Sans doute ai-je eu le désir, sur le tard, d'inventer une histoire se déroulant dans cette contrée qui, à l'époque de saint Augustin, était une province romaine où s'affrontaient, tumultueusement, païens, manichéens, juifs, chrétiens. Seize siècles plus tard, les dieux et les hommes ont certes changé mais les conflits persistent, tumultueux. »

(Claude Pujade-Renaud sur le site Actes Sud)



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Actes Sud

(Janvier 2013)
304 pages - 21,80 €




Photo © John Folay - Opale
Claude Pujade-Renaud
, danseuse, chorégraphe, nouvelliste et romancière, est l’auteur d’une vingtaine de livres qui lui ont valu plusieurs prix littéraires.



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