Retour à l'accueil du site





Thomas PARIS

La tournée d'adieux


Le jour de ses 28 ans, Alex se réveille vivant et déçu. Déçu parce que vivant. Cela signifie qu’il ne fera pas partie du mythique « Club 27 » regroupant des musiciens morts à 27 ans comme Jim Morrison, Jimi Hendrix, Brian Jones, Kurt Cobain ou plus récemment Amy Winehouse.
Hier, j'avais vingt-sept ans et encore une infime chance de rejoindre le panthéon ; aujourd'hui j'en ai vingt-huit et ne peux donc qu'admettre avoir raté le coche. Je ne ferai pas partie de ce petit club, je ne suis qu'un modeste tâcheron de la musique et le resterai.

Alex vit pour la musique depuis ses treize ans et il fait partie d’un groupe, Assemblée nationale, qui marche assez bien, a trouvé un petit public et se produit sur scène.
Mais ce n’est pas la gloire espérée et il pense qu’il est peut-être temps de passer à autre chose… sans bien savoir à quoi, évidemment.

Il a donc décidé de dissoudre son groupe et cette dissolution est l’enjeu de tout le roman.
Comment l’annoncer aux autres membres ?
Ludo à la contrebasse, Max aux percussions, Fred au piano, à la basse et au violon, et Serge (une fille au prénom peu féminin) au saxo et à la trompette risquent de ne pas très bien prendre cette décision unilatérale de leur leader, chanteur et guitariste.

Pire encore, comment va-t-il évoquer le sujet avec son père qui vit avec le vague regret de ne pas avoir été musicien ?
Alex ne peut rien reprocher à ses parents sauf d’avoir été trop affectueux et compréhensifs.
S'il fallait désigner un responsable à cette séparation inévitable, c'est vers mes parents qu'il faudrait se tourner. Ils ne m'ont pas battu, ne m'ont pas abandonné, ne m'ont pas confié à une institution d'éducation où j'aurais subi tous les sévices du monde, ils ne buvaient pas, ne se livraient pas aux pires turpitudes devant moi. Ils ne m'ont laissé manquer de rien, ne m'ont pas envoyé passer mes vacances seul dans une banlieue désolée. Ils m'aimaient, et le faisaient de la manière la plus normale qui soit. Ce faisant, ils m'ont condamné à ne pas connaître le désespoir ni la haine, à ne pas devoir hurler ma fureur au monde, et, au passage, à ne pas passer l'arme à gauche violemment à vingt-sept ans. Mes parents m'ont vacciné à vie contre la rage et m'ont transformé en monstre pour le monde du rock.

Alex va donc en parler d’abord à sa grand-mère paternelle qu’il adore, à qui il peut tout confier et qui se montre généralement de bon conseil même si ce ne sont pas toujours les conseils qu’on peut attendre d’une vieille dame.
Avec sa grand-mère, Alex va mieux comprendre ce que son père ne dit jamais.

Cette décision de dissoudre le groupe constitue le début d’une grande aventure qui passera même par San Francisco et fait de ce livre un véritable roman initiatique où le jeune homme va apprendre à mieux se connaître et comprendre les autres, savoir distinguer l’essentiel de l’accessoire et donner un sens à sa vie.

L’écriture à la première personne, qui nous offre une position idéale pour mieux comprendre les aspirations, les déceptions et les contradictions d’Alex, associée à un humour récurrent tout en tendresse et en autodérision, donne à l’ouvrage une tonalité émouvante qui incite à en conseiller largement la lecture, y compris aux adolescents perdus entre leurs rêves et la réalité.

Serge Cabrol 
(06/07/15)    



Retour
Sommaire
Lectures










Editions Buchet-Chastel

(Mai 2015)
192 pages - 14 €








Thomas Paris
né en 1970, est docteur
en sciences sociales, professeur affilié à HEC Paris et chercheur au Centre de recherche en gestion (CRG) de l’Ecole polytechnique. La tournée d’adieux est son troisième roman paru chez
le même éditeur.