Retour à l'accueil





Jean-Philippe ARROU-VIGNOD


Le prince Sauvage et la renarde



Cet album grand format nous emmène au moyen âge, « dans un royaume lointain où vivait un prince qui n'aimait que la chasse ».
Ses parents l'avaient appelé Sauvage et, dès l’enfance, il ne cessait de poursuivre tous les animaux qu’il voyait, les mouches, les souris et même le chat.

Le prince a grandi, est devenu un homme, mais aucune princesse ne veut épouser un tel sauvage qui ne pense qu’à la chasse.

C'est justement une partie de chasse qui va changer sa vie. Poursuivant un cerf, il épuise son cheval au point de devoir continuer à pied. Un piège à loup posé par lui-même se referme sur sa jambe. Le voilà immobilisé dans la neige au plus profond des bois.

L'histoire pourrait se terminer ainsi, avec un prince puni par son propre piège, mais elle ne fait que commencer...

Une renarde vient à passer et, bonheur des contes, la conversation s'engage.
– Renarde, supplia-t-il, renarde, sauve-moi !
– Te sauver ? dit la renarde. Mais de quoi ? Ce piège n'est-il pas à toi ?
Son museau avait la finesse d'une aiguille, son pelage argenté étincelait comme le givre. S'il avait pu bouger, le prince Sauvage l'aurait volontiers dépecée pour en fourrer le col de son manteau.
– Tu sais donc qui je suis ? s'étonna le garçon.
La renarde hocha la tête.
– Tu es le prince Sauvage. Quant à la toque qui couvre ton crâne, je la connais aussi : elle est faite avec la peau de mes petits que tu écorchas au printemps.
– Je t'en demande pardon, renarde, se défendit le prince. Mais je suis homme et grand seigneur. Bêtes à plume ou à poil, tout ici m'appartient. Je peux en disposer comme il me sied.
– Seigneur, je veux bien, répondit la renarde. Mais toi, un homme ? On t'a menti.
Elle refuse de l’aider et retourne vaquer à ses occupations.

Les jours passent, la renarde vient régulièrement bavarder avec le prince qui ne se nourrit que de baies gelées, de glands et d'insectes qu’il trouve sous la neige. Il supplie la renarde de le délivrer mais elle n'en fait rien et, de jour en jour, reprend toute l’éducation du prince qui regrette de ne pas avoir suffisamment suivi les conseils de sa mère.
Peu à peu, il va s'humaniser, découvrir les richesses de la nature et quand, enfin, la délivrance arrive, il est devenu un prince sage et prêt à succéder à son père.

Les illustrations, très expressives, aux couleurs vives, peignent à merveille l’atmosphère médiévale du conte. À l’intérieur du château, on pourrait se croire dans Les Très Riches Heures du duc de Berry. Dans la forêt, les animaux sont représentés avec beaucoup de vie, qu’il s’agisse du cerf poursuivi par le prince, de la renarde qui le veille tandis que passent les saisons, ou plus simplement d’un oiseau ou d’une libellule. En pleine page ou double page, ces peintures épousent parfaitement le texte et, une fois l’histoire connue, on pourrait la raconter de mémoire en suivant les vingt-deux tableaux qui en illustrent toutes les péripéties.

Un très bel album à lire et relire, à admirer et à méditer. Il est toujours bon de rappeler aux enfants qu’il est important de respecter la nature !

Serge Cabrol 
(25/11/17)    



Retour au
sommaire
Jeunesse







Gallimard Jeunesse

(Octobre 2017)
Format 27 x 33 cm
48 pages - 16 €



Illustré par
Jean-Claude GÖTTING