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Le roman est construit en courts chapitres dont chaque personnage devient le narrateur à son tour. Le titre du chapitre porte un prénom et l’on passe de l’un à l’autre toutes les quelques pages. Marnie est loin d’être seule sur cette île et une petite dizaine de personnages prennent ainsi la parole en alternance avec elle pour apporter un éclairage différent sur l’existence de cette étrange famille dans cette étrange maison. Il y a tout d’abord Olivia de Mortemer, la grand-mère. La reine-mère, comme dit le coiffeur. Une femme droite, à l’air sévère, qui est née sur cette île, y a vécu son enfance avant de partir à l’étranger pour faire ses études. En vacances à Zanzibar, elle a rencontré Aristide, un architecte aussi brillant que séduisant. C’est lui qui a construit cette maison d’acier et de verre sur l’île natale d’Olivia. Elle s’y est installée pour donner naissance à Luc, leur fils, tandis qu’Aristide repartait bâtir des immeubles et des villas de par le vaste monde. Patience, leur gouvernante, est restée sur l’île pour aider Olivia à s’occuper de son fils et de la maison. Luc a grandi et a épousé Rose qui tenait une boutique sur le continent. Les orages étant très violents dans la région, l’un d’eux a détruit le magasin et Rose est venue s’installer sur l’île avec Marnie. Luc préférait le continent. Il venait de temps à autre voir sa femme et leur fille mais repartait le plus vite possible. Au moment où commence ce roman, Marnie a quatorze ans, Aristide et Luc sont morts, Rose est très malade et Patience est toujours là pour s’occuper du quotidien auprès d’Olivia. Marnie fait ce qu’elle veut quand elle veut. Elle a le caractère bien trempé des Mortemer et personne sur l’île ne lui cherche querelle. Quand elle dépasse les bornes, la fortune des Mortemer étouffe les plaintes. Ainsi lorsqu’elle a planté son compas dans le ventre de Vincy, les parents d’élèves aurait voulu obtenir son renvoi mais l’école appartenant à Olivia, ce n’était même pas la peine d’y penser. Elle a juste écopé de quelques jours d’exclusion, ce qui ne pouvait que la réjouir. Tout pourrait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes s’il n’y avait cette incapacité des hommes à aimer leur femme. Comme le disent Patience et Agatha (la fleuriste) : les hommes sont souvent des porcs. Seuls le médecin et le curé échappent à cette critique et ont droit à la parole. Nous retrouvons ici les thèmes chers à l’auteur, les violences familiales, la perte des êtres aimés, l’abandon, mais aussi la rencontre, l’amour et le recours à l’imaginaire pour pallier le manque. Peu à peu, au-delà des apparences, nous découvrons la réalité de ce que vivent et ont vécu Marnie, sa grand-mère et la gouvernante. Et cette révélation progressive de leur personnalité, de leur passé, de leurs pensées et de leurs actes, est un des moteurs du roman. Nous ne sommes jamais au bout de nos surprises. Encore une fois, l’auteur mêle avec bonheur le monde de l’enfance (et sa fausse naïveté) avec celui des adultes (et sa vraie cruauté), la violence et l’émotion, la souffrance et l’amour, la réalité et l’imaginaire. De livre en livre (celui-ci est le cinquième), une œuvre se construit, originale et cohérente, avec un style très personnel où l’enfant narrateur transcende sa douleur et sa solitude pour s’ouvrir à l’espoir et au bonheur. Une belle leçon de vie ! Serge Cabrol (18/04/17) |
Sommaire Lectures Plon (Avril 2017) 240 pages - 16,50 €
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